lundi 23 janvier 2012

Un saut dans le vide


En revoyant Lo Sceicco Bianco, le premier film réalisé par Federico Fellini, on peut facilement mesurer l'énorme  vide (le gouffre)  qui existe entre les films de cette époque (1952) et ceux d'aujourd'hui.
Outre l'intrigue principale, probablement nécessaire pour sécuriser le généreux producteur, nous devinons facilement le contenu  et le message. Même si le mot message est sans cesse galvaudé il reste le mieux adapté aux travail d'un auteur. S'il ne vous plait pas, alors, employons le mot communication. Un homme comme Fellini avait pas mal de choses a communiquer, c'est évident. Le fait qu'il ait choisi le cinéma pour partager et pas la poterie ou la peinture sur soie reste à analyser. Peut-être que simplement, les souvenirs qu'ils cherchait à échanger étaient déjà filmiques dans son esprit. Qui a eu la grande chance de passer plusieurs journées d'été allongé sur un transat loué à la semaine sur une plage de l'Adriatique sait  de quoi je parle (les autres, tant pis pour vous.) Un auteur est celui qui cherche à communiquer sous une forme ou une autre suivant l'époque ou les moyens dont il dispose. Qui a déjà visité une expo Picasso avec des enfants comprendra, (les autres devraient avoir honte.)
Celui qui claironne "c'est aux spectateurs de faire le travail" ou bien encore "je n'ai pas de message particulier" est une grosse feignasse que nous devons dorénavant boycotter comme les produits Nestlé et le pétrole Norvégien.
Qui a déjà admiré La Résurrection  de Piero Della Francesca , dodelinera de la tête ( les autres devront réciter deux Notre Père et trois Je vous salue Marie.)
Nos faiseurs de téléfilms d'aujourd'hui ne sont que des fumistes qui veulent nous faire croire qu'ils traitent un sujet précis alors qu'ils ne font que l'effleurer. Le catalogue de la Redoute du cinéma actuel  est bourré d'exemples frappant.
A la rubrique "Enfants", nous trouvons Polisse . L'auteur nous explique en 1h 45 qu'ils existent des enfants maltraités sexuellement par leurs parents. De nombreux acteurs sont venus pour poser. Les chroniqueurs annoncent que le  choix du sujet est courageux et que les flics de la brigade font un boulot difficile. Le lecteur coche quelques photos, un dialogue percutant, et tourne la page.(1)
Au rayon "Hommes" nous avons rendez-vous avec Intouchables. Ceux qui ont  connaissance de la fameuse phrase d'Alfred Hitchcock  " il vaut mieux partir du cliché que d'y arriver"ont  le droit de sourire (les autres restent de marbre.)
De tout ce gâchis télé-filmique, une seule impression demeure : la pub prend plus le temps de nous expliquer les choses.
J'embrasse ceux qui sont du même avis (les autres peuvent utiliser la case "commentaires".)
Julius Marx
(1) Le ministère de l'Education Nationale devrait acheter le film pour le diffuser dans les établissements scolaires, c'est la seule fonction possible pour ce docu-fiction.