samedi 31 mars 2012

VERA -CRUZ !


Dès les premiers plan du film, les choses sont claires.
Nous sommes en présence de deux personnages  Gary Cooper (le Bien) et Burt Lancaster (Le Mal).
L'un est blanc, l'autre noir. Les deux veulent la même chose mais ne sont pas tout à fait d'accord quant aux moyens pour y parvenir. Le film est l'opposition constante des deux parties qui vont trouver chacun leur tour des opposants ou adjuvants de leurs quêtes. Il faut cependant noter que "les bons" ne sont pas si nombreux que ça. Oui, je sais, ils gagnent à la fin, mais vous chipotez.
Dans l'importante scène d'introduction lorsque le personnage de Cooper abat son cheval blessé, le méchant lui reproche d'être un sentimental. "Seulement avec les chevaux", répond Cooper.
Avec cette scène le conflit est posé d'entrée, la quête des deux personnages va bientôt suivre.
Le reste aussi va suivre : grands espaces, trahisons, combats, chevauchées fantastiques...
Magnifique époque où le réalisateur pouvait dire :
-Il manque 50 lanciers sur la droite de l'image près de la colline, embauchez-les !
Ce Julius, quel cinglé, il aime les films en technicolor, sans violoncelle ni problèmes de couple!
Qu'on l'enferme, vite !
Julius Marx

lundi 26 mars 2012

Guerre froide


L'Affaire Farewell est un téléfilm gentillet. L'auteur tente de nous faire croire que le destin du monde civilisé a basculé un jour de guerre froide grâce à un jeune cadre boutonneux de chez Thomson et à un colonel russe qui aime Léo Ferré. Evidemment on se fiche complètement de savoir qui a sauvé qui et comment. Ce qui nous hante, c'est qui va le détruire une bonne fois pour toutes ce putain de monde. Le plus impressionnant reste le générique de fin où l'on voit défiler une sacré ribambelle de noms, les noms de ceux qui ont construit les différents décors du film. On comprend alors pourquoi le chef-opérateur s'occupe plus à filmer les décors que les personnages. Le français Guillaume Canet donne la réplique à l'international Kusturica (en fait, il se contente d'écouter ) en tentant de calmer sa pleurnicheuse de femme. Les scènes où il découvre que le monde n'est pas un paradis sont émouvantes. Epilogue, les salauds ne vont pas en enfer et le colonel va retrouver Léo au paradis. Pendant ce temps, le jeune Cadre a un dernier entretien avec le boss de la CIA. Il le traite de gros vilain tricheur. Il s'en va même en claquant la porte. Fin/ musique allégorique.
La Taupe est un autre téléfilm trop long ( beaucoup trop long) où des espions portent des lunettes à grosses montures et discutent avec d'autres espions chevelus à la dentition chevaline. Nous ne savons pas vraiment de quoi ces types s'entretiennent et ils ne donnent jamais l'adresse de leurs opticiens ou coiffeurs.Le scénario est carré (oui, je sais c'est ignoble) dans le sens de totalement prévisible. Les types cherchent une taupe, ils trouvent. Bref, La Taupe, c'est le genre de film ou le spectateur passe son temps à se demander qui est qui et aussi qui fait quoi? Et puis, il renonce. Côté image, rien à signaler. Pour filmer certains plans, le réalisateur a convaincu son chef opérateur de se cacher dans le monte-charge. C'est angoissant.
Les scènes les plus prometteuses et élémentaires : retour de la femme du personnage principal après une brève liaison avec la méchante taupe sans scrupules ( n'attendez de moi aucun mauvais jeu de mot), le sacré cas de conscience de l'adjuvant du personnage principal qui rompt avec son petit ami pour ne pas l'exposer aux représailles des copains de la taupe. Non, rien de tout cela ne sera développé; tout doit rester secret. Ah ! les plans fixes sur les téléscripteurs qui crépitent !
Les différentes critiques nous annonçaient le  grand retour du vrai film d'espionnage, c'est encore plus angoissant. Faut-il supprimer les critiques qui ont crié au génie devant ce triste spectacle? Oui, mais je veux qu'ils meurent dans d'atroces souffrances.
Julius Marx

mercredi 21 mars 2012

La vérité si je mens


"L'Exercice de l'Etat" est un divertissement de série. L'auteur nous montre l'état de décomposition de l'Etat  français et se demande à quoi rêvent les hommes de pouvoir? Quel audacieux contenu !
De plus, cet olibrius veut nous faire avaler l'idée révoltante que les hommes politiques sont, peut-être, après tout, des types comme les autres.
La critique salue (mais elle salue et promotionne n'importe quoi, ses sbires sont payés pour ça) un film ambitieux qui n'est qu'un produit de super-marché comme tant d'autres.
Ce cinéma prétentieux est très loin  de rivaliser avec une bonne comédie comme La vérité si je mens 3, par exemple.
Vous en doutez? Alors, vérifions.
Dans le premier, que sait-on des personnages?  Qu'est-ce qui pourrait nous aider à mieux les cerner pour ensuite pouvoir partager un peu  leur destin?  Le problème numéro 1 du personnage principal (le ministre) semble être de vouloir rester ministre et de grimper dans la hiérarchie, la belle affaire!
Le seul qui peut et qui doit manifestement l'aider à réaliser son rêve, son chef de cabinet (un avorton sexy comme un oeuf mollet sur une tranche de lard frit) veut le lâcher au moment même où les choses s'animent un peu. Les personnage secondaires (les membres de l'équipe du ministre) sont des petits jeunes avec des dents qui rayent le parquet ciré du beau bureau du ministère des transports.
Bref, la réalité quoi.. Tous les membres de la fine équipe s'expriment de la même façon, agissent de la même façon et pensent de la même façon.Pas un ne se dévoue pour trahir, mettre le feu à la baraque ou baiser la femme du ministre.
Au contraire, dans la comédie populaire chaque personnage a un but clairement défini, son propre langage (vous pouvez vérifier) et sa façon personnelle d'envisager l'avenir. Et puis, surtout, ils ont un but, une quête (oui, je sais, c'est d'un désuet..) Cette quête les conduit (et nous aussi par la même occasion) à des situations grotesques, extra-ordinaires et totalement déjantées (la scène du karaoké dans le restaurant chinois par exemple.)
Pour résumer un peu tout cela : dans le premier film, on s'ennuie ferme (même si le réalisateur et son chef-opérateur font des efforts post-modernistes: filmage au plus près de l'accident avec des bras et des jambes coupés, mon Dieu..! Scènes de rêve avec option surréaliste et des personnages piqués au Eye Wide Shut de Kubrick) et dans la comédie, on se passionne, on rie, on approuve.
L'auteur de l'Exercice de l'Etat devrait savoir que le cinéma ne peut rien nous apprendre sur la politique.Avec les films, on ne peut apprendre quelque chose que sur les gens.
L'auteur de la Vérité si je mens 3 devrait lui apprendre au moins ça.
A quoi rêvent les hommes de pouvoir ? Ah ! le con, juste la semaine ou j'ai les lèvres gercées ..
Julius Marx

dimanche 18 mars 2012

Extrait




D'où peut bien venir la magie d'un film comme celui-là? Pourquoi ça fonctionne?
Il y a certainement  plusieurs raisons. Laissons les analyseurs analyser, les critiques critiquer, les pontifiants pontifier et les donneurs de leçons déblatérer.
L'art de Cassavetes c'est transformer les personnages du quotidien en êtres extra-ordinaires( plus grand que la vie) c'est  révéler  tout ce qu'ils ont de d'anormal, d'excessif, d'aberrant.Quand on aime chez Cassavetes c'est avec une passion dévorante, quand on déconne, on ne le fait pas à moitié et quand on dégringole c'est de très haut (mais toujours avec panache). Bref, tout le contraire du cinéma d'aujourd'hui que nous devons  haïr et boycotter sous peine de devenir des fidèles téléspectateurs de TF1.
Quand on aime chez Cassavetes c'est avec une passion dévorante, quand on déconne, on ne le fait pas à moitié et quand on dégringole c'est de très haut (mais toujours avec panache).
Julius Marx

vendredi 16 mars 2012

Le plan


Le plan est une bien belle chose. Mais, qu’est-ce qu’un plan? Le plan est composé d’un cadre, d’un éclairage et de différents objets ou paysages à l’intérieur. Dans un deuxième temps, il est recommandé d’y introduire les acteurs du drame. Il est utile de préciser l’importance du plan car en ces temps difficiles, on ne peut que constater la quasi-disparition du dit plan au profit du filmage tremblotant épileptique qui fait ce qu’il peut pour suivre les tribulations des acteurs.
Regardons un plan d'ouverture qui ouvre en général la scène (voyez comme le ciné est bien fait), on peut comparer cela au rideau que l’on ouvre au théâtre par exemple. Ainsi, le spectateur découvre les lieux et se plonge illico dans l’atmosphère générale de la dite scène. Par exemple, si le premier plan d’une scène est un plan sur une croix, elle-même posée sur une tombe, et que le ciel est maussade, le spectateur est comblé, il n’a pas besoin d’autres détails.
A propos de détail, lisons ce que dit Fritz Lang :
"Au cinéma, la spontanéité, comme l'atmosphère, ne peut naître que d'une accumulation de détails."
Mouvement du poignet, regard appuyé, tout est important. Les informations sont donc primordiales.
Voyez ceci 


Bon, assez joué, revenons à nos types du cimetière. En apercevant, au second plan, flou, les deux hommes en pardessus noir qui sortent de leur limousine, le spectateur se cale profondément dans son fauteuil en attendant que les deux types en question s’expliquent. Voila, nous avons donc répondu aux questions essentielles : où, quand et avec qui? Mais, l’auteur ne va pas se contenter de ce résultat, il va profiter de ce moment essentiel pour caractériser encore un peu plus son plan. 
Dans un premier temps, il va choisir un lieu particulier dans le but d’épaissir encore son propos.
 La confrontation d’un lieu avec les personnages est essentielle. Ainsi, la plupart des grands auteurs ont réussi à joindre “l’utile et l’agréable” en construisant leurs scènes dans des lieux ”ordinaires” qui sont devenus poétiques sous les projecteurs. Par exemple, évidemment La Fontana di Trevi dans La dolce Vita . Mais aussi, les commissariats si particuliers des films noirs de Kurosawa et le jardin avec ses sculptures modernes de Shadows chez Cassavetes où les trois personnages se disputent nerveusement. Revoyez cette scène où s’ opposent sans cesse ( à l'image) les oeuvres et les trois hommes.
J'ai le tournis, on continue plus tard.
Julius Marx

dimanche 11 mars 2012

C'était mieux avant



The Artist est un bon court-métrage. On connait les principales motivations de l'auteur : hommage, nostalgie des grands studios, des grands créateurs, des grands musiciens etc. Mais, là où les grands inventaient, les auteurs de The Artist ne font que répéter. Un court-métrage parce que l'intérêt du film ne dure en fait qu'une vingtaine de minutes, la durée d'une bobine, d'un court-métrage de Mack Sennett. Encore une fois, c'est dans l'air du temps, l'auteur de ce cinéma-référence ne fait que sortir un bon sujet de son chapeau sans jamais le traiter.
Parce que, l'intérêt est ailleurs. Par exemple en se posant la question : qu'est-ce que le cinéma a perdu ou gagné avec l'arrivée du parlant? Grâce au personnage nous répondons à la question, ou au moins nous la posons. Dans ce film, le personnage n'évolue pas. Nous restons à l'état d'idée, c'est à dire d'un court-métrage avec une bonne chute. L'acteur se recycle dans le musical et le spectacle continue. Dans l'heure supplémentaire qui nous est imposée, nous n'apprenons rien ou presque. L'artiste dégringole et tête dangeureusement (on s'y attend).
Les acteurs font ce qu'on attend d'eux : Dujardin imite et sa dulcinée se contente d'ouvrir la bouche a intervalles réguliers. Les décors sont magnifiques, les cadres sont précis et inventifs mais ceux de Chaplin le sont encore plus.
Tout ceci me rappelle une phrase écrite sur la vitrine d'un restaurant parisien proposant une bonne cuisine du terroir : " C'était pas mieux avant, c'était meilleur".
Julius Marx