mardi 17 juillet 2012

Hommage


Sur l´écran noir de mes nuits blanches,
Moi je me fais du cinéma
Sans pognon et sans caméra,
Bardot peut partir en vacances:
Ma vedette, c´est toujours toi.

Pour te dire que je t´aime, rien à faire, je flanche:
J´ai du cœur mais pas d´estomac
C´est pourquoi je prends ma revanche
Sur l´écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma.

D´abord un gros plan sur tes hanches
Puis un travelling-panorama
Sur ta poitrine grand format,
Voilà comment mon film commence,
Souriant je m´avance vers toi.

Un mètre quatre-vingts, des biceps plein les manches,
Je crève l´écran de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma,
Te voilà déjà dans mes bras,
Le lit arrive en avalanche...

Sur l´écran noir de mes nuits blanches,
Où je me fais du cinéma,
Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois
Je recommence la séquence
Où tu me tombes dans les bras...

Je tourne tous les soirs, y compris le dimanche,
Parfois on sonne; j´ouvre: c´est toi!
Vais-je te prendre par les hanches
Comme sur l´écran de mes nuits blanches?
Non: je te dis "comment ça va?"

Et je t´emmène au cinéma...

lundi 16 juillet 2012

Qui c'est le réa?


Le réalisateur d'aujourd'hui est jeune, beau et ambitieux. Bref, il a un plan de carrière dans la profession de l'audiovisuel, une voie toute tracée. Ses sujets sont variés, ses personnages aussi et il aime à se laisser porter par les différentes vagues. Si certains aiment encore a l'appeler auteur parce qu'il n'hésite pas à piocher dans le catalogue des émotions pour boucler ses fins de tournage, il n'est qu'un employé, rien n'est à lui, il appartient à la société anonyme...air connu.
Si les sociétés de production privilégient le travail d'un seul individu c'est uniquement pour des questions économiques. Ainsi, nous avons le plaisir de voir disparaître les petites mains du cinéma, avantageusement remplacées par des logiciels savants capables de pondre en trois semaines le top du sujet comme des poulets élevés en batterie et des ordinateurs-friends plus fiables, moins gourmands  que des monteurs taciturnes et alcooliques.
La charmante profession de scénariste, par exemple, est particulièrement sur la sellette.. bah, oui, la crise mon bon monsieur, encore...
Si nous prenons la peine de regarder attentivement un téléfilm comme Les infidèles, nous piaffons, nous mangeons notre cornet de crème glacée à l'envers puis, nous décidons (d'un commun accord avec nous-mêmes) bien avant la fin de la première séquence, qu'aucun des auteurs du script, en stage intensif macramé dans le Limousin, en reconversion section bâtiment ou injoignables car au concert de Madonna, n'est vraiment scénariste.
Un film a sketchs, comme dans le bon vieux temps de Dragées au poivre, par exemple, c'est évidemment une charmante idée. Oui, mais sans écriture, sans une caractérisation des personnages, une idée seulement.
C'est probablement pour cette raison que les séquences courtes du récit, où seul le gag de fin est important, fonctionnent agréablement et sont bien amusantes.
Pour les autres séquences, hélas, rien à dire. C'est le désert des Tartares sans fort, sans militaires et sans intrigue..
J'attends le jour où l'on supprimera aussi, faute de moyens, le réalisateur..
Je ne suis même pas impatient, j'ai des réserves de crème glacée.
Julius Marx
Ps : si vous n'avez pas vu Dragées au poivre, débrouillez-vous pour le dénicher et riez un bon coup, ça décongestionne vraiment.

jeudi 12 juillet 2012

Noir Irlandais



The Guard (l'Irlandais) de John Michael Mc Donagh est un film noir très réconfortant.
Manifestement cet irish-auteur ne cherche pas à honorer les fameux codes-polar comme les sots qui tentent maladroitement de célébrer le genre en découpant de la tripaille ou en collaborant (c'est le pire) avec un vrai ancien flic (ou un ancien vrai flic) sur le retour pour un script plus réaliste (Dieu que ce mot est laid!). 
A l'évidence, JMD sait que le film noir est mort depuis bien longtemps et qu'il ne lui reste plus que deux positions à adopter : sanctifier ou parodier. Par esprit de contradiction, cette tête de mule d'irlandais a opté pour une solution intermédiaire : la sanctification-parodie.

Les premières images du pré-générique nous font découvrir une belle voiture rouge lancée à pleine vitesse sur une longue route rectiligne du Connémara. A l'intérieur, des adolescents se ruinent la santé en s'empiffrant  de  poudre blanche importée et en buvant au goulot du whiskey local.
 La musique ponctue cette équipée sauvage de fort belle manière et nous sommes bien dans une des scènes de Clockwork Orange, voila pour la sanctification. La scène s'achève par un accident et les jeunes écervelés meurent. Le seul flic présent à cet endroit, que l'on devine stratégique, constate l'accident sans qu'aucun signe de compassion ne se lise sur son visage buriné par les embruns. Puis, il empoche la cocaïne pour sa consommation personnelle, voici pour la parodie.
Ensuite, toutes les séquences de ce film sont de même facture. Dans un premier temps, on sanctifie; avec les nombreux clichés du film noir, puis, on parodie en poussant à l'extrême ces fameux clichés.
Le personnage principal , lui même, est un bon exemple de ce principe.
Le flic est efficace (il va résoudre l'intrigue seul) mais il ne correspond  pas vraiment à l'image d'un personnage principal (dans le sens de positif). Ce quadragénaire est gros, laid, vulgaire et s'organise de charmantes petites après-midi  avec des prostitués.
Personnages décalés aussi ; les trafiquants de drogue qui parlent de philosophie et s'interrogent sur leur pénible condition.
Les deux running-personnages : un gamin idiot à vélo et un photographe amateur de clichés "scènes de crime".
N'oublions pas le correspondant de l'IRA qui sort de Blood Simple des Coen Bros avec son couvre-chef de western et sa VW jaune ! 
Sanctification, je vous dit !
Bref, ce film est exactement le contraire d'un petit chef-d'oeuvre de prétention qui encombre les écrans actuellement. Il est jouissif,  il est NOIR !
Courez, courez!
Vous êtes prévenus.
Julius Marx