mardi 26 février 2013

Non-sens


Dans le dernier opus des aventures d'Astérix le gaulois Au service de sa Majesté, le spectateur peut facilement repérer quatre types d'humour:
a) l'humour universel , avec, par exemple ,le peuple bagarreur des Normands qui prend au pied de la lettre , l'expression : "la peur donne des ailes" et qui n'hésite pas à se balancer du haut d'une falaise.
b) l'humour libidineux avec, par exemple, le personnage caricatural "so british "qui lui aussi n'hésite pas à prendre au pied de la lettre l'expression "se mettre à poil".
c) l'humour anachronique, avec, par exemple l'apparition de charrettes à "impériales" ou de groupes musicaux coiffés et chantant comme les Beatles.
d) l'humour cinéphilique, avec, par exemple, un personnage du peuple des Normands ré-éduqué comme  le jeune Alex Boy de Clockwork orange.
Tout ceci venant  démontrer  que les jeunes auteurs de ce script avaient la prétention de faire rire de manière plus intelligente et décalée un peuple de barbares jusque-là habitués à la tarte à la crème et au petit bonhomme en mousse. On peut aussi parier qu'un des individus du groupe se soit  écrié, lors d'une réunion dans la maison de campagne du producteur " un film chez les britishs doit avoir un humour british"! Oui, pourquoi pas?
Mais alors, comment répondre à cette lancinante question : Pourquoi donc cet Astérix au service de sa Majesté n'est qu'un  sous-produit  et au re-visionnage  le  Monty python's and The holly grail reste un pur chef-d'oeuvre? Hasardons-nous à proposer quelques réponses.
Dans un premier temps, constatons que le socle réaliste  d'Astérix est totalement absent. Pour bien manier le non-sens, il est indispensable de construire à partir d'une solide fondation réaliste. On peut le vérifier dans le mètre-étalon du genre qui reste  le Alice in wonderland de Lewis Caroll où l'auteur s'appuie sur une logique pour ensuite dériver et délirer et nous transporter dans un autre monde.
Idem pour  le Grail  où la première séquence nous transporte dans un premier temps dans le royaume d'Arthur (paysages et personnages caractérisés) pour s'achever avec le gag irrésistible des noix de coco.
Parlons aussi des acteurs. Les comédiens choisis auraient étés, à n'en pas douter, parfaits pour l'adaptation du célèbre petit bonhomme en mousse. Ils n'ont pas le sérieux nécessaire et élémentaire pour le genre choisi. Visionnez la scène dite du chevalier Noir dans le Grail et tentez de détecter un sourire sur le visage des protagonistes. Il en va de même pour les dialogues qui se doivent d'être d'une rigueur irréprochable pour avoir le droit de s'envoler, plus tard, vers d'autres cieux.
Pour toutes ces raisons et pour d'autres (que je n'ai plus la force d'énumérer dans ce texte) nous disons donc que cet Astérix est pitoyable et conseillons de revoir Le Grail ou The life of Brian.
Cette ordonnance est délivrée gratuitement car nous sommes sur un blog, un de ces lieux où n'importe quel imbécile peut donner son avis.
Alors, cher Jean Dujardin, vous voyez-bien qu'il est très facile d'écrire sur une connerie et que" tout le journalisme et les autres moyens d'information modernes ont pour but la dissimulation de la vérité, parfois par le mensonge pur et simple, et généralement par le bavardage inepte."(1)
Sans rancune, Jeannot
Julius Marx
(1) Jean-Patrick Manchette

lundi 25 février 2013

Y'a-t-il un pilote dans l'avion?


Dans son film  Flight, Robert Zemeckis nous conte l'histoire d'un pilote de ligne (Denzel Washington) qui a besoin de quelques vodkas, de deux ou trois lignes de coke et d'une petite canette pour s'envoyer en l'air. On nous explique ceci très bien et de manière fort efficace dans la première partie du film. Au matin, notre commandant de bord part au boulot avec quelques grammes supplémentaires d'excédent de bagage (au passage, il faut remarquer l'extrême méticulosité des scénaristes qui n'hésitent pas à cacher l'ébriété de leur personnage en ne livrant que quelques détails pouvant permettre aux spectateurs de  deviner seuls, on peut voir par exemple, l'homme rater la première marche de la passerelle et se reprendre très vite.)
Ensuite, le moment spectaculaire arrive sous la forme d'un magnifique crash que notre commandant (malgré ses penchants et son sens de l'équilibre perturbé) gère à la perfection. Voilà pour le prétexte.
Dans un premier temps, personne, pas même les républicains ou les membres KKK  ne songe à lui chercher des poux dans sa chevelure crépue. Mais, dans chaque catastrophe, il faut bien évidemment un responsable et notre héros va passer de l'état  positif à celui de  paria.
C'est à ce moment précis que ce film devient, à mon sens, un film noir. L'auteur nous faisant découvrir les rouages d'une société  qui ne pardonne rien à personne (sauf aux républicains et aux membres du KKK.) Les hommes du syndicat, les avocats, le propriétaire de la compagnie aérienne, les médias et les enquêteurs spécialisés dans les crashs s'acharnent sur lui. Toute cette bande de faux-cul et de vrais salopards  l'accompagnent jusqu'à une comparution finale où il n'aura  plus qu'un seul moyen pour s'en sortir :  mentir.
Nous voici donc plongés dans une vraie problématique de film-noir, résumée sous la forme d'une question : Si c'est le Diable qui tient les fils, es-tu avec lui ou contre lui?
Et, c'est à ce moment précis que le film re-bascule dans un drame simple car le commandant choisit la vérité ! Ce choix étant probablement guidé par les producteurs ou simplement les républicains ou les membres du KKK, que sais-je encore !
Puis, vient alors une longue période de rédemption où notre pauvre pêcheur égaré devient sobre et finit par retrouver sa famille, la dinde du Thanksgiving et la finale du super-Bowl.
Dans un vrai film noir, il aurait évidemment opté pour le mensonge et l'ultime séquence du film nous l'aurait montré seul, buvant du mauvais alcool au goulot dans une ruelle sordide...
Car, mes biens chers frères, le Mal domine historiquement et sa domination est sociale et politique.
Et ça, personne n'en doute, surtout pas les républicains et les membres du KKK.
Amen.
Julius Marx

samedi 23 février 2013

Avé César !


Dans l'industrie agro-alimentaire-cinématographique, la soirée des Césars correspond à peu de chose près à une semaine de promotion organisée par la direction sur l'ensemble des produits labellisés "épicerie fine". Si dans ce rayon, le consommateur "malin" peut trouver du vrai caviar, il peut aussi, hélas, tomber sur des ersatz  ou les   indispensables promotions du style "deux pour le prix d'un".
Pour le caviar, reportez-vous à l'article écrit dans ce blog. Pour le deuxième choix, voyez la télévision.
Bon, une fois la soirée promotion achevée, l'ensemble du personnel : commerciaux, magasiniers,chefs de rayon, caissières etc, se rendent à une petite soirée organisée par les boss.
 Devant un verre, une choucroute garnie,on y parle à peu près de tout, et sûrement aussi de la déclaration de ce commercial Dujardin qui trouve internet malsain, inutile, vulgaire. L'employé contestant notamment le droit de chacun de critiquer les films dans un blog. Dujardin semble oublier que le peuple forme une entité platonique chère aux démagogues appelée : le public.
Après le dessert et le pousse-café, tout ce joli monde retourne vite se coucher, car demain, le travail reprend ; fini les promotions, les cadeaux. C'est le  retour aux bonnes affaires, aux produits low-cost.
Bref toutes ces belles choses standardisées à la viande de cheval qui assurent à elles seules 90 % du chiffre.
 Lecteurs : avant de vous rendre au cinéma, n'oubliez pas votre carte de fidélité.
Julius Marx
ps : l'article a pour titre " Grand spectacle" daté du 2O janvier

samedi 16 février 2013

Pièce de musée



Le White Heat de Raoul Walsh (1949) est aujourd'hui une jolie pièce de musée. Ici, l'émotion est crée par le  jeu des acteurs bien sûr mais aussi par le découpage technique et le montage des différents plans. Dans cette scène , chaque mouvement de caméra a une raison valable d'exister. Pièce de musée, parce qu'aujourd'hui, on se contenterait de filmer en plan d'ensemble avec, peut-être, une caméra mobile supplémentaire qui tournerait autour des protagonistes. Ici, grâce à cet attachement, ce travail précis, nous souffrons avec le personnage principal.  Si vous ne frissonnez pas pendant cette scène , je ne peux plus rien faire pour vous.Alors, pourquoi se détachement; manque de moyens, ignorance?
Laissez-moi, je suis subitement las.
Julius Marx

lundi 4 février 2013

Soupe aux poulets




Le Petit lieutenant est un film moderne. Son moderne réalisateur veut absolument changer les règles de la narration cinématographique qui, on le sait, sont tellement anciennes et dépassées.
Alors, pour bouleverser un peu tout cela, notre auteur décide de nous raconter le quotidien d'un commissariat de police parisien sans trop se préoccuper de l'intrigue. Dans un premier temps, il confie les clés de la maison poulaga à un jeune lieutenant fraîchement nommé dans la capitale (assez bon acteur d'ailleurs si on aime le côté jeu de la vérité et des sentiments) puis, dans un second temps, à une quadragénaire chef de groupe, ancienne alcoolique, qui tente d'oublier la dévalorisation des qualités intrinsèques de l'existence. La caméra se balade un peu partout, un peu comme celle d'un agent immobilier qui chercherait à vendre un trois-pièces cuisine avec vue sur le cimetière via internet.
Mais, le réalisateur à beau être moderne, il sent bien qu'il faut tout de même une petite intrigue pour envelopper son  joli  paquet cadeau. On ne peut pas regarder la flicaille picoler et se gratter le fion pendant une heure et demie !
Alors, le modern guy  invente une vie privée à ses personnages et les balance dans une histoire de sdf qui se font trucider par des méchants venus d'Europe de l'est.
L'issue est prévisible, les méchants sont méchants, les poulets sont méritants et l'ensemble est d'une banalité affligeante.
On pissera de rire en repérant les nombreuses affiches de cinéma sur les murs, punaisées au-dessus des bureaux des inspecteurs. Une modern' touch indispensable qui veut sûrement signifier "Regardez les gars, ça, c'était l'ancien cinéma, moi je fais du nouveau".
Ah! la la la la ....
Comme prescription, je conseille vivement aux lecteurs de ce blog de relire les différents opus de la saga du commissariat du 87ème district  par Ed Mc Bain.
 Dans les romans noirs du grand Mc Bain, le parti-pris de faire vivre le lecteur à l'intérieur du mal est totalement maîtrisé . La réussite est en partie due à la force des personnages qui sont ici  présentés et  taillés-détaillés comme les vrais héros des différentes intrigues.  Au fur et à mesure de la progression de l'oeuvre, ces personnages évoluent et la ville imaginaire d'Isola avec eux. Ainsi, nous comprenons mieux les motivations de ces flics et les méandres de la société dans laquelle ils sont plongés sans pouvoir changer grand chose. C'est beau, c'est tragique, c'est vieux !
Beurk...
Julius Marx