mardi 16 décembre 2014

La cité des femmes


Il semble bien que la série Un village français soit un succès, tant mieux. Pour les amateurs (ou bien ceux qui ont un peu de temps, mais les amateurs se doivent d’avoir toujours un peu de temps en réserve) il serait judicieux d’aller un peu fouiner dans les archives télévisuelles afin d’y dénicher une série avec des acteurs  aussi justes et sobres, un filmage aussi soigné et une écriture si  maîtrisée, oui, judicieux, sûrement.
Côté technique, ce qui frappe, c’est le grand soin accordé aux détails. Cet ensemble de « petits riens » qui révèle un tout, une diégèse. Ainsi, par exemple, voyez comme les membres du groupe des résistants qui passent la majeure partie de leur existence dans les forêts, sont vêtus. Ils portent bien le costume adéquat mais, ils ne sont pas impeccables, comme le sont trop souvent les personnages d’opérette dans d’autres séries. Et, il en va de même pour les coiffures, ceux de l’autre camp (qui ont forcément le temps de se raser et de se peigner avec la mèche sur le côté comme l’oncle Adolphe)  sont en totale opposition avec ceux qu’ils combattent. Si vous pensez que ces deux exemples parmi tant d’autres ne sont que des détails, vous voyez juste. Le cinéma Est détail.
Si l’on a le temps nécessaire pour s’intéresser également à l’intrigue et au contenu (le spectateur avisé doit toujours garder un peu de temps pour s’intéresser à l’intrigue et au contenu sous peine de finir par s’abonner à une revue spécialisée)  nous  constatons que  les deux sont vraiment passionnants à analyser. L’intrigue, tout d’abord, est divisée en un nombre étonnant de plusieurs histoires que nous suivons de manière parallèle ( grâce, entre autre, à un montage élégant). De personnage principal il n’y a point et nous ne le regrettons jamais, car ces destins croisés parviennent facilement à nous le faire oublier.
L’autre aspect novateur de la série c’est bien d’avoir confié les clefs de la maison à des femmes. Elles sont toutes fortes et puissantes (dans le sens scénaristique du terme)  symbolisant même à elles-seules les différentes opinions si contrastées de cette époque mouvementée. Alors que la plupart des personnages se demandent encore ce qui leur arrive « et reçoivent seulement des coups sur la tête, comme d’une main invisible » (Hegel) elles agissent pour un amour, un idéal, ou peut-être bien les deux.  De là à prétendre qu’elles sont, dans leurs différences,  la France, il n’y a qu’un pas. Affirmons encore que nul n’est plus qualifié que les femmes de ce monde-ci pour connaître mieux que d’autres le point de vue des victimes.
 Je suis enchanté. J’espère que vous l’êtes aussi.

Julius Marx

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