vendredi 19 novembre 2021

Série Noire

 

Nous le savons tous, l'Amérique est le berceau de notre civilisation , la patrie de la liberté, le Paradis de la libre entreprise (musique allégorique-bannière étoilée qui flotte au vent ! ) Aussi, lorsque des petits futés pondent une série ( gardez-vous de parler de feuilleton, les jeunes vous classerons illico dans la catégorie des indécrottables ringards) qui vient bousculer un peu tout cela, nous sommes dubitatifs. Nous glissons même dans la stupéfaction en apprenant que la dite série est produite par la multinationale du divertissement: Netflix. 

Better call  Saul nous conte l'histoire de deux frères avocats. Caïn qui respecte la loi et l'ordre et Abel qui prend quelques libertés avec la Bible. En usant de ces deux piliers indéfectibles du roman Noir, les auteurs nous font frissonner de plaisir. Puis, au fil des épisodes, nous laissons même éclater notre joie ! Une joie démesurée même en comprenant que les "Bons" du côté de la loi sont beaucoup plus corrompus et sans scrupules que  les "méchants". Cette cruelle autopsie de l'Amérique via ses institutions judiciaires se révèle particulièrement efficace( pas très loin du Don Winslow de Corruption, par exemple). Voilà donc clairement exposé un autre pilier du roman Noir : l'ordre du droit. Ici, l'ordre du droit n'est pas bon et le pouvoir est exercé par des salauds corrompus. Vous avez l'impression de vous retrouver dans un  polar de Hammett, Mc Coy ou Burnett? Vous avez raison.

Chacun des personnages cherche désespérément à survivre dans ce monde hostile, chacun à sa manière, qu'il soit ancien flic, revendeur de drogue, ou simple employé d'une chaine pondant des Donuts. Tout ceci est bien triste mes chers amis. Les petites fourmis travailleuses vont-elles finir par se faire écraser sous les pas des puissants? Bonne question: nous verrons cela au fil des saisons.

Enfin, il faut ajouter que les différents réalisateurs et chefs opérateurs de chaque épisode  ne cherche pas à se la jouer moderne (voilà que je parle comme les jeunes, maintenant!) L'ensemble est cohérent, aussi bien dans les images que dans la ligne dramatique. Une série Noire avec un réel contenu: Bonté Divine ! Il y a si longtemps que j'attendais ça!

Julius Marx 


lundi 13 septembre 2021

Un homme disparaît

 



Et hop ! Encore un monstre sacré du cinéma français qui disparaît. A ce train-là, notre Jurassic Parc hexagonal ne tardera pas à ressembler à un petit zoo régional ou à la fosse aux ours de Berne. Pour mettre à jour cette Monstrueuse Parade, je me devais de publier ici l'article qui suit, histoire de remettre un peu de bon sens dans le cerveau perturbé de nos critiques. Mais, ces histrions  ont-ils un cerveau?

"Quel point commun y-a-il entre ces films pour le moins dissemblables, Spartacus, La Chaîne, Papillon, Ashanti, La légion saute sur Kolwezi? Ils ont tous servi à l'élaboration des vingt premières minutes du Professionnel, nouveau film interprété par Jean-Paul Belmondo.

Car dans ces quelques instants, Belmondo-le-dur est drogué par les cruels Africains dont la perfidie n'a d'égal que la bêtise, jeté en prison, enfin, au bagne, obligé de charrier des pierres, sauvagement battu, mis au cachot, humilié, rossé d'importance, et finit par s'évader en compagnie du "bon nègre"  de service (mais oui, ce film au racisme de bon aloi en contient tout de même un, si bien qu'on croirait Mission Impossible !) La maladresse et l'irréflexion de son compagnon mettent Belmondo en mauvaise posture, mais ilo s'en sort quand même.

Palpitant, non? Et après ça, le film commence, puisque de telles vilenies, commises par des nègres de surcroît, demandent réparation. Donc une bonne vieille histoire de vengeance dans la jungle de bitume de Paris va suivre. Au terme de laquelle, nous sommes heureux de vous l'annoncer, brisant ainsi un suspens insoutenable, ce pauvre Belmondo trouvera une mort totalement injuste et inutile. Le spectateur, la gorge serrée par l'amertume, rentrera chez lui les poings crispés, dans sanglots dans la voix, maugréant ""Ah les salauds!" tout bas, pour que ses voisins de métro ne puissent détecter le profond désarroi qui l'étreint. Enfin, c'est sans doute le résultat espéré par les auteurs de ce film.

Dommage pour eux, car tout y est si mal monté, découpé (que d'erreurs!) , écrit et filmé que même l'incroyable démagogie du scénario ne peut empêcher l'oeuvre de sombrer. Rassurez-vous cependant, Belmondo s'est ménagé une scène où il fait le pitre en imitant Michel Simon. on s'amuse comme on peut."

Jean-Patrick Manchette

Les yeux de la Momie

(Octobre 1981)

J'ajouterai simplement à cette mise au point nécessaire que le copiste-télévisuel ayant cru bon de se moquer le jour de la mort de Belmondo d'un chroniqueur sportif avouant qu'il croyait jusqu'à ce jour que la fameuse musique du film était celle de la pub Royal-Canin est un âne. Un chroniqueur sportif est  généralement capable de reconnaître une oeuvre lorsqu'il en voit une. Pas lui, manifestement. Triste époque. 

mardi 23 mars 2021

Love Story

 





Pour un cinéma se revendiquant du réel il va de soi  que les baisers chastes, les souries complices et les clins d'oeil amoureux se transforment illico en fellations brutales et rapides. Il va de soi aussi que la jeune effarouchée qui cachait  pudiquement ses seins au petit matin  à l'homme qui venait de lui faire passer une nuit inoubliable  dévoile aujourd'hui son anatomie au spectateur qui a tout le loisir de compter ses grains de beauté. Même l'acte est devenu sauvage. Souvenez-vous de notre Antoinette césarisée qui se donne à son amant  par une nuit de pleine lune dans l'enclos  des ânes. Là où la caméra pannautait lentement pour s'arrêter sur un joli bouquet de marguerites posé sur le buffet, lorsque le couple , achevant les préliminaires se lançait dans les choses sérieuses (revoyez le très bon gag du premier opus d'OSS 117) elle a maintenant décidé de filmer tout ou presque d'une façon quasi chirurgicale. Elle s'accorde même une vulgarité révoltante la caméra (souvenez-vous du Lac aux oies sauvages où l'unique "scène d'amour " s'achève avec une femme qui crache la semence de l'homme dans le lac. Ou bien encore dans ce film israélien dont j'ai heureusement oublié le titre qui nous montre un homme pénétrant par effraction dans une cellule. L'individu a tout juste le temps d'ouvrir les yeux que la jeune femme qui occupe la pièce se jette à ses pieds et s'occupe de sa braguette!

Quant au vrai cinéma porno (celui qui ne cache pas son nom) il est satisfait de ce changement notable. Quand je dis qu'il est satisfait , je pense bien entendu aux producteurs qui n'ont plus le soucis de dénicher un scénariste, exhortant leurs metteurs en scène à passer tout de suite dans le vif du sujet (si j'ose dire). Ainsi, nous n'aurons plus le plaisir de découvrir des titres charmants comme "Ca glisse au pays des merveilles" remplacés par "Défonces-moi vite !"

Alors, l'érostime, le sensuel (bref tout ce qui peut exciter le rôdeur des salles obscures) est-il déjà mort? Vaste sujet. Remarquez que l'expression salles obscures est déjà obsolète. Mais bon, la  question reste ; est-ce que le tee-shirt déchiré de Marlon Brando dans le Tramway est plus excitant , à première vue, que les fesses de François Cluzet?

Bon, finissons avec quelque chose de beaucoup plus rafraîchissant et le film produit par Netflix pour les frères Coen. Il s'agit d'un western (je devrais dire de plusieurs westerns parce que nos petits frangins futés ont décidé d'explorer un style de western  par séquence. Je trouve la séquence du chercheur d'or  admirablement joué par le grand Tom Waits d'une beauté sans limite. Mais il y en a bien pour tout les goûts dans ce western "à facettes".

Vous voyez que le cinéma existe toujours ! j'allais écrire excite toujours. Bisous mes chéris.

Julius Marx

dimanche 28 février 2021

Cinéma d'hier

 


« Bavardons sur des détails culturels récents », comme dirait l’autre. Même si, dans le passé, notre bon ciné-club ne s’est pas beaucoup intéressé aux films fraîchement éjectés des ordinateurs-friends ; aujourd’hui, faisons une exception avec ce très jubilatoire Parasites du coréen Bong Joon Ho (2019). Signalons tout de même pour clore définitivement ce chapitre passé/présent que ce film appartient bel et bien à l’école « référence d’un cinéma passé ». Vérifions tout cela ipso-facto.

Une fois n’est pas coutume débutons notre réflexion par la lumière et les cadrages avant de nous intéresser à la ligne dramatique. Une lumière magnifiquement adaptée à chaque séquence, comme par exemple dans toutes les scènes tournées dans la maison des riches avec autant de détails cachés que révélés. Une géométrie parfaite permettant d’accentuer la différence considérable entre le logement des misérables (sorte de Bassi napolitains, comparables à des entresols) et les fenêtres grandes ouvertes laissant entrer des flots de lumière de la maison des possédants. Quant aux cadrages, ils sont encore conçus pour visualiser l’écart entre les riches et les pauvres (ne cherchez pas à obtenir de ma part des renseignements précis au sujet des focales ou de certains objectifs qui permettent ce jeu, achetez une revue spécialisée) et ils laissent très souvent le loisir de laisser deviner aux spectateurs qui peut se cacher dans les nombreuses zones d’ombre.

Côté intrigue, il ne vous a pas échappé que notre histoire est encore une amère confrontation entre le monde d’en haut et celui d’en bas avec la même morale de fin que, disons High and Low de Akira Kurosawa (allons bon, voilà que l’on reparle du passé!)

Voyons maintenant le script où l’on peut retrouver à peu près toutes les « astuces » d’un script hollywoodien. Quelques exemples ? Volontiers. Constatons que le tout premier plan du film (une paire de chaussettes qui sèchent, si ma mémoire ne me fait pas défaut) est aussi le tout dernier après l’apothéose finale. Une astuce qui permet d’ouvrir de nouer et de dénouer très habilement le récit et qui nous apprend que, hélas, rien ne saurait changer vraiment dans ce monde. Et puis, il y a les liaisons dites de logique dramatique dont nous avons déjà discuté ensemble ; objet sur objet ou son sur son qui lient les scènes entre elles et donnent une rapidité surprenante à l’intrigue. Quant aux personnages, nous savons tout (ou presque, rappelez-vous de la fameuse zone d’ombre) sur leur vies, leurs attentes et leur motivations. Soyons aussi agréablement surpris par les comédiens « vrais », les dialogues brefs et concis qui font toujours progresser l’intrigue. Enfin, amusons-nous de ces nombreux rebondissements (celui de l’homme caché dans la cave est hilarant) saupoudrés de façon toute Hitcthcockienne dans le récit.

Bref, Concluons que ce Parasites porte bien toutes les valeurs du film noir sans être étiqueté comme tel, semble-t-il. Noir, parce que la critique sociale y est évidente et que son traitement s’articule autour de combines plus ou moins malsaines et de meurtres.

S’il nous arrive de sourire (voir même de laisser éclater notre joie) pendant la projection, il faut bien se résoudre à penser, tout de même, en sortant du complexe de seize salles planté au milieu du centre commercial, que nous avons ri jaune (ha ha… Une blague raciste de ce passé dont je vous parlai plus haut !)

Julius Marx

Au pays des pangolins

 





Avertissement : Cette présente chronique a exceptionnellement été écrite à deux.

Le Lac aux Oies Sauvages (Fiction-2019) de Diao Yinan est un documentaire très édifiant et fort instructif sur la Chine, ses hommes, ses femmes, leurs vêtements et leurs motocyclettes. Le spectateur attentif pourra y découvrir :

-Des gangs de voleurs de motocyclettes vêtus de tee-shirt rayés luttant avec d’autres gangs de voleurs de motocyclettes vêtus de tee-shirts bariolés.

-Des policiers casqués sur leurs motocyclettes vêtus de tee-shirts de contrefaçon, tentant d’appréhender ces mêmes gangs de voleurs de motocyclettes.

-Des prostituées joliment appelées « baigneuses » coiffées de grands chapeaux blancs.

-De la pluie...Beaucoup de pluie.

-Des travailleurs et des travailleuses vêtus de blouses réglementaires, solidement encadrés par des bandes mafieuses.

-Des « souteneurs » vêtus de pantalons blancs.

-Des clients de prostituées vêtus de chemises aux couleurs criardes.

-Des immeubles pourrissants flottant dans les immondices, à côté desquels ceux du Caire ou de Kinshasa font figure de Palaces.

Et enfin ( pour ma part, le clou du spectacle!) des groupes mixtes aux gestes mécaniques portant des chaussures aux semelles clignotantes, dansant sur le morceau Raspoutine du groupe BoneyM.

Le spectateur pourra aussi découvrir des comédiens réussissant l’exploit de demeurer une heure et cinquante minutes avec la même expression sur le visage.

Côté technique, l’habitant du monde libre pourra conclure de lui-même que le chef opérateur du documentaire était probablement daltonien et que le responsable du montage a été très vraisemblablement arrêté par la police avant de se mettre au travail. Misère. Mais, ne possédant aucune information supplémentaire sur ce triste épisode il ne lui restera que des hypothèses.

Scénariste ou pas, le spectateur constatera que l’intrigue est aussi fine qu’un vermicelle chinois.

Il affirmera également (le spectateur du monde libre) que le réalisateur capable de mettre en scène l’unique scène d’amour du film (1) en l’achevant par la femme qui crache la semence de l’homme dans le fleuve n’est qu’un épais porc.

Non ! Père, tu n’as pas compris. Le réalisateur se sert de la forme-polar (maladroitement, c’est vrai) pour un inventaire époustouflant et si tu n’y vois que de l’abject et du sordide, c’est peut-être que la vie dans ce pays là, aujourd’hui, n’est qu’abjecte et sordide ? Si tu ne décèle aucune expression sur les visages des personnages, a tel point que l’on dirait bien qu’ils sont sans-vie, c’est peut-être parce qu’ils sont si soumis, si vaincus, qu’ils ne tentent même plus de lutter ? Toi qui clames si souvent qu’un réalisateur doit avoir une idée (ou un un contenu, comme tu préfères l’appeler) à partager avec ses spectateurs s’il se dit créateur, eh, bien, réfléchis un peu sur ces questions.

Tu parles d’intrigue, mais qui se soucie aujourd’hui de l’intrigue (aussi peu crédible sois-elle) ? Les copié-collé d’un cinéma du quart-monde ne me choque absolument pas, je veux simplement apprendre, et tenter de comprendre.(2)

Ceci étant dit, si je suis totalement d’accord avec toi sur cette fameuse scène d’amour, il n’en reste pas moins qu’à mon sens, elle ne devait en aucun cas se différencier des autres. Je crois que nous pouvons sans hésiter la qualifier de sordide et abjecte.

Bref, je crois bien que nous trouvons tous les deux ce film révoltant, mais, certainement pas pour les mêmes raisons.

Ps : J’adore le groupe Boney M !


Julius et Laura Marx

(1 ) Scène d’amour, c’est beaucoup dire, mais, enfin…

mardi 15 septembre 2020

Quelle chance !




 

Oui, quel bonheur, maintenant que me voilà revenu dans le pays de l’exception culturel et du cinéma d’auteur de pouvoir enfin visionner de vrais films. Je mesure bien l’ampleur du privilège qui m’est accordé et je vous prie de croire, amis lecteurs, que je jouis sans entrave de cette nouvelle liberté. Aussi, quand je me présente devant l’entrée d’une des quatre salles du cinéma de ma ville bien-aimée, il n’est pas rare qu’un frisson s’empare de mon corps tout entier. Soyez certain que cette sensation toute nouvelle qui s’accompagne pourtant d’un léger vertige me comble d’aise, même si je ressemble, dans ces moment-là , à un oiseau migrateur imprudent passant devant le fusil d’un imbécile.

Heureusement, une fois installé dans la salle avec mon masque sur la bouche, je me reprends vite. Il faut toute sa tête pour apprécier le travail que les artistes partagent avec nous, le public, dans un grand élan de générosité dont on ne pourra jamais les remercier comme ils le mérite. Mais, la vie d’un artiste est ainsi faite. Ils sont les anti-corps de notre société ; ceux qui nous permettrons de chasser le virus un jour prochain.

J’ai même la chance de pouvoir découvrir certain films en avant-première (insultez-moi, je le mérite!)

Ce dimanche-là, j’étais donc convié (pendant que des hordes de barbares analphabètes ronflaient devant Netflix) à la projection du film Antoinette dans les Cévennes. Dans cette œuvre nous voyons comment une jeune institutrice, à la recherche de son amant marié, se retrouve sur un parcours de randonnée avec son âne. Fascinant et envoûtant récit admirablement ponctué de répliques comme celle-ci qui ne tarderont pas à devenir cultes (comme disent les jeunes) :

-8 jours de randonnée, 800 euros.

-Ah ! 800 euros, quand même !

Mais, le fil conducteur de cette intrigue il faut pourtant le chercher ailleurs avec cette question que de nombreux philosophes se sont déjà posé avant l’auteur : « comment faire avancer cette sacrée bourrique ? »

Pourtant, ce qui reste fascinant pour l’observateur avisé c’est probablement de constater qu’aucune des scènes proposées ne sort de la réalité pour s’envoler un peu dans les montagnes et devenir poésie. Pas même les scènes où la demoiselle finit par retrouver l’amant qui donnent la surprenante impression d’avoir été filmées en caméra cachée.

J’avoue qu’à la fin de cette projection je me suis senti un peu perdu, désemparé. Serais-je resté trop longtemps loin de la culture, aurais-je perdu tout sens critique ? En avouant à ma compagne, un peu penaud, que le meilleur moment du film (et de très loin) restait pour moi la voix de Dean Martin dans le Rio Bravo d’Howard Hawks sur le générique de fin , je me suis promis de m’abonner dès le lendemain à Télérama.

Plus tard, la directrice du cinéma a procédé à un tirage au sort ; le premier prix : une journée avec un âne. Quittons-nous avec cette réplique de ma douce moitié, chuchotée dans mon oreille :

-Pffff… Moi ça fait quarante ans que je vis avec un âne.


Julius Marx

mardi 31 mars 2020

Occupons-nous l'esprit !




Bon, période de confinement oblige, vous avez sûrement entendu la consigne assénée plus que de raison par les médias : il faut vous occuper l’esprit !
En lisant enfin La Recherche pour les plus courageux, en recopiant de façon manuscrite des dizaines d’autorisation dérogatoire de sortie pour les plus consciencieux ou en fabriquant des masques de protection respiratoires à l’aide des bonnets 90 A des soutien-gorge de votre compagne pour les plus créatifs.
Pour les amateurs de cinéma, le challenge est beaucoup plus compliqué. Car, vous le savez maintenant, l’amateur de ciné ne s’occupe pas l’esprit et préfère l’enrichir. Voici donc quelques exercices écrits et résolument ludiques, à réaliser , bien confinés, at home.
Occupez-vous l’esprit en essayant de déterminer, par exemple, l’unité organique et le pathétique dans la composition du Cuirassé Potemkine (Vous avez deux heures.)

Ou bien alors tentez de prouver, images à l’appui ( en visionnant la totalité de l’oeuvre ) que, comme l’écrivait Jean-Luc Godard dans les Cahiers du Cinéma en juin 1957, « Alfred Hitchcock n’a jamais tourné un seul plan gratuit. Les plus anodins, en fin de compte, servent toujours à l’intrigue qu’ils enrichissent un peu à la manière dont la petite « touche » chère aux impressionnistes enrichissaient le tableau .» (Vous avez 15 jours.)

Ces deux sujets étant (j’en suis bien conscient) assez riches et parsemés de pièges, vous pourrez ensuite vous accordez une période de pause en visionnant, par exemple Mon Curé chez les Nudistes de Paul Thomas(1982) et réfléchir (pour les cinéphiles les plus déterminés) sur cette définition de l’amateur proposée : «  Le nudiste se voulant «  séparé » de la société , « Sa désadaptation en fait souvent aussi un timide sexuel qui se réfugie parfois dans les perversions précoces: qu'il en garde le sentiment d'une réprobation sociale complémentaire et que son penchant au système s'en saisisse, le voilà théoricien de la liberté sexuelle. » (Vous avez la nuit).
Ne me remerciez surtout pas pour tout ces sujets , je me suis moi-même largement occupé l’esprit en vous les préparant.

J’ajoute que si vous n’avez pas trouvé le temps nécessaire de vous rendre au ciné avant la déclaration de guerre pour vous régaler du film Sud -Coréen Les Parasites, vous avez encore fort heureusement la possibilité de le louer ou de l’acheter sur notre bien-aimé Youtoube. De ce thriller (pour une fois cette appellation n’est pas ridicule) nous parlerons ensemble longuement dans une prochaine chronique. Pour le moment, je vous laisse car il est grand temps pour moi de m’occuper l’esprit.

Rendez-vous en Enfer.

Julius Marx