jeudi 12 juillet 2012

Noir Irlandais



The Guard (l'Irlandais) de John Michael Mc Donagh est un film noir très réconfortant.
Manifestement cet irish-auteur ne cherche pas à honorer les fameux codes-polar comme les sots qui tentent maladroitement de célébrer le genre en découpant de la tripaille ou en collaborant (c'est le pire) avec un vrai ancien flic (ou un ancien vrai flic) sur le retour pour un script plus réaliste (Dieu que ce mot est laid!). 
A l'évidence, JMD sait que le film noir est mort depuis bien longtemps et qu'il ne lui reste plus que deux positions à adopter : sanctifier ou parodier. Par esprit de contradiction, cette tête de mule d'irlandais a opté pour une solution intermédiaire : la sanctification-parodie.

Les premières images du pré-générique nous font découvrir une belle voiture rouge lancée à pleine vitesse sur une longue route rectiligne du Connémara. A l'intérieur, des adolescents se ruinent la santé en s'empiffrant  de  poudre blanche importée et en buvant au goulot du whiskey local.
 La musique ponctue cette équipée sauvage de fort belle manière et nous sommes bien dans une des scènes de Clockwork Orange, voila pour la sanctification. La scène s'achève par un accident et les jeunes écervelés meurent. Le seul flic présent à cet endroit, que l'on devine stratégique, constate l'accident sans qu'aucun signe de compassion ne se lise sur son visage buriné par les embruns. Puis, il empoche la cocaïne pour sa consommation personnelle, voici pour la parodie.
Ensuite, toutes les séquences de ce film sont de même facture. Dans un premier temps, on sanctifie; avec les nombreux clichés du film noir, puis, on parodie en poussant à l'extrême ces fameux clichés.
Le personnage principal , lui même, est un bon exemple de ce principe.
Le flic est efficace (il va résoudre l'intrigue seul) mais il ne correspond  pas vraiment à l'image d'un personnage principal (dans le sens de positif). Ce quadragénaire est gros, laid, vulgaire et s'organise de charmantes petites après-midi  avec des prostitués.
Personnages décalés aussi ; les trafiquants de drogue qui parlent de philosophie et s'interrogent sur leur pénible condition.
Les deux running-personnages : un gamin idiot à vélo et un photographe amateur de clichés "scènes de crime".
N'oublions pas le correspondant de l'IRA qui sort de Blood Simple des Coen Bros avec son couvre-chef de western et sa VW jaune ! 
Sanctification, je vous dit !
Bref, ce film est exactement le contraire d'un petit chef-d'oeuvre de prétention qui encombre les écrans actuellement. Il est jouissif,  il est NOIR !
Courez, courez!
Vous êtes prévenus.
Julius Marx






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