vendredi 10 mai 2013

Franche rigolade


Vous connaissez tous, bien sûr,  L'éléphant qui se trompe de Paradis, ou l'inverse, je ne sais plus, ce film et sa suite, du talentueux Yves Robert (oui, je sais, tout ceci n'a pas vraiment l'air d'une syntaxe irréprochable, mais c'est l'éléphant qui me trouble.)
Si le scénariste Dabadie et son réalisateur choisissent la franche rigolade pour donner la possibilité à une bande de copains de zinc, d'échanger leurs impressions sur le fameux malaise des quadragénaires, il faut souligner que le même Dabadie, toujours lui, remettra le couvert avec Claude Sautet, mais cette fois dans le registre dramatique, et toujours entre copains de zinc. Les uns sont torturés et le montre, les autres préfèrent, jouer,s'esclaffer.
Evidemment, dans ces  belles années 80 profondément giscardiennes, celles de Danièle Gilbert, du Schmilblick et des épiciers Félix Potin,  le bon docteur viennois Sigmund  a  déjà installé nombre de succursales de son petit commerce  (tout comme Félix, voyez-vous, mais pas dans les mêmes quartiers, certes.)
Alors, chez les rigolos, le matériel est celui du théâtre dit "de boulevard". Le mari est trompé, ou se croit trompé, les quiproquos dégringolent, les placards s'ouvrent, se ferment, les dialogues claquent. Il faut noter au passage que ces dialogues sont beaucoup plus riches et travaillés que ceux d'un Audiard, par exemple, trop souvent loué et qui ne faisait "que" des bons mots. Je suis sûr que vous n'avez pas oublié le bon docteur de Vienne; les scénaristes non plus et c'est heureux. Le vaudeville s'enrichit d'un soupçon d'amour libre, d'un homosexuel qui se marie (déjà!) et d'un personnage féminin qui décide elle-même de congédier son amant d'un soir comme un mal-propre, un comble!
Et pendant ce temps-là, dans les ruelles du quartier Latin, les sérieux ont les mêmes problèmes, ah?, bah oui, forcément! Les femmes voluptueuses et philosophes s'en vont, puis reviennent et repartent.
Le social devient critique sociale. Les hommes souffrent, coupent du bois, et se demandent ce qu'ils ont bien pu faire de leurs jeunes années.
Dans les deux cas, on finit par se rassembler autour d'une bonne table (en ce temps-là, c'était encore possible.)
 Quand Yves Robert choisit de filmer le groupe avec le recul qui s'impose, en plaçant sa caméra, détachée de l'action, en position d'observateur privilégié, Sautet opte pour le rapprochement, pour mieux filmer l'inévitable l'affrontement.
Mais non, j'suis pas nostalgique, je fais juste un peu d'anthropologie.
Au secours ! Il est devenu fou.
Julius Marx


1 commentaire:

  1. Un éléphant, ça trompe énormément, premier film dans un vrai cinéma dont je me souvienne, des années plus tôt dans la sorte de cinéma patronage du village voisin "Le jour le plus long", le lendemain, à l'école, ce mot pour excuser notre absence du matin "C'était le jour le plus long et la nuit la plus courte", la maîtresse avait souri, juste quelques trous dans ma cinéphilie !

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