lundi 20 janvier 2014

Des nouvelles du Diable



Si  Touch of Evil (que l'on pourrait traduire par la trace, l'empreinte, ou la main du Diable !) est un grand film Noir, c'est bien parce  que son contenu  s'articule essentiellement autour de la lutte que se livrent le Bien ( un avocat idéaliste) et le Mal (un flic totalement corrompu).
La  séquence de présentation nous fait découvrir la ville, de nuit. C'est une cité qui s'amuse et le chaland peut facilement jouer, boire ou monter dans la petite chambrette d'une jolie dame pas farouche pour un pesos pour y finir sa canette en toute décontraction. On comprend aussi que la majorité des établissements où l'on vient se détendre gentiment appartient à la pègre locale, combattue justement par notre personnage principal (Heston/l'avocat). Comme le privé,  il cherche à rétablir l'ordre du droit en luttant contre la corruption instituée par une grande famille.
Cet homme est dangereux pour le clan et les politiciens à leur solde parce qu'il met en péril la survie de leur société et non pas comme dans une stupide série policière télévisée où le tueur transgresse simplement les règles de l'ordre social.
Il faut donc le remettre dans le droit chemin et ceci, par tous les moyens à  disposition.
Le principal homme de main du clan est un flic en état de décomposition avancée (Welles/Quilan).
Welles qui a toujours fabriqué des personnages hors du commun, des monstres  à ego démesuré se sert donc du vieux Hank Quilan pour symboliser à lui seul, ou presque, ce que cette société peut avoir de sordide et d'ignoble.
La justice et l'arbitraire s'affrontent donc et la caméra est tour à tour disposée dans un camp et dans l'autre. Ce qui explique peut-être cette vision au-dessus , et aussi la magnifique volte-face de l'objectif au coeur de  la fameuse scène où un agresseur lance du vitriol  au visage de l'avocat.
Comment ne pas parler également de l'ultime scène où Quilan agonise au milieu des détritus, tout comme le héros du linceul(1) avant lui.
Le combat est féroce et l'on peut remarquer que si le flic se décompose  au fil des scènes, à tel point que l'on s'attend à le voir expirer à chaque instant, le jeune avocat reçoit tant de coups lui aussi (au propre comme au figuré) qu'il devient amer et aussi sombre que l'image!
Il sait qu'il ne redressera pas le tort général de ce monde,et vous aussi, non ?
Julius Marx




(1) Un Linceul n'a pas de poches (série Noire)

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