samedi 7 novembre 2015

Polar, enfin!





Jamais de la vie de Pierre Jolivet est un film réjouissant qui fait énormément de bien aux amateurs de la forme polar que nous sommes. Réjouissons-nous donc.
Dans un premier temps, accordons-nous le grand plaisir de détailler la forme avant d’en venir au fond. Le premier plan nous fait découvrir l’arène (un supermarché et son immense parking) où va se dérouler le drame (introduction et résolution). Le chef opérateur parvient à magnifier ces lieux, à les rendre possibles. On ne  peut affirmer qu’il possède la maîtrise de l’outil ( mais qui la possède vraiment ?) L’ image proposée  n’est nullement accessoire, elle fait vraiment partie d’un tout. Ici, pas de chichis modernistes, de tremblements superflus, de point de vue d’hélicoptère. Puis, arrive en quelque sorte le maître des lieux, notre personnage principal.
Ce personnage, un employé syndicaliste viré pour avoir voulu changer les choses, jette un œil sur son domaine. L’homme s'est mis sur la touche et n ‘a, semble-t-il, plus l’envie ni la force de revenir sur le terrain. Il s’est enfermé  dans ce monde (le supermarché  la nuit et  son appartement d’une cité voisine le jour. Notons au passage que la décoration de son appartement est sublime, sans trop de misérabilisme choc). Au matin, après sa nuit dans son supermarché, il rejoint sa place de parking, toujours la même, il la rejoindra pour y pousser son dernier soupir.
Bien entendu, l’homme est amer et sans aucune illusion. Ici, l’alcool et les drogues ne sont pas employés comme  une des composantes d’un ensemble de recettes ; images sombres, pavés mouillés etc… Il boit parce qu’il sait qu’il ne changera pas le monde. Alors, que reste-t-il ? L’amour. Oui, nous verrons cela plus tard. On pense à un personnage d’une puissance passionnelle comme ceux de  Cain ou Goodis, bien entendu, mais aussi au Gabin du Quai des Brumes, ce déserteur  échoué « au bout du monde » et victime de la justice implacable des hommes et peut-être aussi au Frank Poupard de Série Noire bref, que du beau, du Noir.
C’est la rencontre avec Mylène, une assistante sociale qui ne se fait pas plus d’illusion que lui sur l’avenir, qui va le pousser à revenir dans le monde des vivants. Avant le grand plongeon, il  fera une brève incursion dans le monde d’en haut et il en reviendra encore plus désabusé.

Pour le reste, l’intrigue et autres petites choses bien savoureuses, visionnez vous-mêmes et réjouissez-vous, donc, pour la forme.
Julius Marx

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