dimanche 8 mai 2016

The Prowler




Le cadre est celui d’une fenêtre. Nous nous approchons pour découvrir une blonde à la jolie frimousse qui achève sa toilette. Après un ultime petit clin d’œil à son miroir, la belle tourne la tête. Elle reste subitement tétanisée puis, elle s’enfuit en poussant un cri. Aux deux officiers de police qui frappent à sa porte quelques minutes plus tard, elle explique qu’elle vient d’apercevoir un rôdeur. Elle est manifestement encore sous le choc. Le sourire paternel du plus âgé des deux flics la rassure un peu. Pendant ce temps-là, le second policier fait le tour de la maison comme s’il était de la famille. Il se permet même de déplacer quelques objets et d’attraper un cadre pour admirer en connaisseur un cliché de la belle dame.
Voilà, chers amis, comment Joseph Losey installe avec une redoutable efficacité l’intrigue de son film The Prowler (Le Rôdeur) 1951.
Ce flic singulier va bien évidemment revenir seul un peu plus tard. Nous avons déjà compris les grandes lignes de son projet diabolique. Dans la scène de confrontation qui suit, il est étonnant de voir de quelle façon notre homme se débrouille toujours pour apparaître dans le cadre au- dessus de sa future victime, en position de dominant. Si la belle (seule toute les nuits dans une grande maison froide, pendant que son mari officie dans une radio locale) ne cède pas immédiatement à ses avances, on devine qu’elle finira bien par succomber.  Ensuite, Losey organise le meurtre puis, il abandonne manifestement ses personnages au Diable qui va s’occuper de tout. Il est effarant de voir à quelle vitesse stupéfiante les humains vont se décomposer entre les mains du Malin.
La fin du voyage est une ville fantôme plantée dans un désert aride. L’homme ressemble à un vagabond et la femme, sur le point d’accoucher, ne quitte plus son lit. Ses gémissements se mêlent à ceux du vent.
C’est magnifique, c’est noir, et nous attendons le châtiment.
Rendons grâce aux anonymes qui enregistrent et partagent ce genre de chefs-d’œuvre sur notre bien-aimé Youtoube. Je les embrasse tous, plus particulièrement les blondes à jolie frimousse.

Julius Marx

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