mardi 23 mars 2021

Love Story

 





Pour un cinéma se revendiquant du réel il va de soi  que les baisers chastes, les souries complices et les clins d'oeil amoureux se transforment illico en fellations brutales et rapides. Il va de soi aussi que la jeune effarouchée qui cachait  pudiquement ses seins au petit matin  à l'homme qui venait de lui faire passer une nuit inoubliable  dévoile aujourd'hui son anatomie au spectateur qui a tout le loisir de compter ses grains de beauté. Même l'acte est devenu sauvage. Souvenez-vous de notre Antoinette césarisée qui se donne à son amant  par une nuit de pleine lune dans l'enclos  des ânes. Là où la caméra pannautait lentement pour s'arrêter sur un joli bouquet de marguerites posé sur le buffet, lorsque le couple , achevant les préliminaires se lançait dans les choses sérieuses (revoyez le très bon gag du premier opus d'OSS 117) elle a maintenant décidé de filmer tout ou presque d'une façon quasi chirurgicale. Elle s'accorde même une vulgarité révoltante la caméra (souvenez-vous du Lac aux oies sauvages où l'unique "scène d'amour " s'achève avec une femme qui crache la semence de l'homme dans le lac. Ou bien encore dans ce film israélien dont j'ai heureusement oublié le titre qui nous montre un homme pénétrant par effraction dans une cellule. L'individu a tout juste le temps d'ouvrir les yeux que la jeune femme qui occupe la pièce se jette à ses pieds et s'occupe de sa braguette!

Quant au vrai cinéma porno (celui qui ne cache pas son nom) il est satisfait de ce changement notable. Quand je dis qu'il est satisfait , je pense bien entendu aux producteurs qui n'ont plus le soucis de dénicher un scénariste, exhortant leurs metteurs en scène à passer tout de suite dans le vif du sujet (si j'ose dire). Ainsi, nous n'aurons plus le plaisir de découvrir des titres charmants comme "Ca glisse au pays des merveilles" remplacés par "Défonces-moi vite !"

Alors, l'érostime, le sensuel (bref tout ce qui peut exciter le rôdeur des salles obscures) est-il déjà mort? Vaste sujet. Remarquez que l'expression salles obscures est déjà obsolète. Mais bon, la  question reste ; est-ce que le tee-shirt déchiré de Marlon Brando dans le Tramway est plus excitant , à première vue, que les fesses de François Cluzet?

Bon, finissons avec quelque chose de beaucoup plus rafraîchissant et le film produit par Netflix pour les frères Coen. Il s'agit d'un western (je devrais dire de plusieurs westerns parce que nos petits frangins futés ont décidé d'explorer un style de western  par séquence. Je trouve la séquence du chercheur d'or  admirablement joué par le grand Tom Waits d'une beauté sans limite. Mais il y en a bien pour tout les goûts dans ce western "à facettes".

Vous voyez que le cinéma existe toujours ! j'allais écrire excite toujours. Bisous mes chéris.

Julius Marx

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