lundi 4 février 2013

Soupe aux poulets




Le Petit lieutenant est un film moderne. Son moderne réalisateur veut absolument changer les règles de la narration cinématographique qui, on le sait, sont tellement anciennes et dépassées.
Alors, pour bouleverser un peu tout cela, notre auteur décide de nous raconter le quotidien d'un commissariat de police parisien sans trop se préoccuper de l'intrigue. Dans un premier temps, il confie les clés de la maison poulaga à un jeune lieutenant fraîchement nommé dans la capitale (assez bon acteur d'ailleurs si on aime le côté jeu de la vérité et des sentiments) puis, dans un second temps, à une quadragénaire chef de groupe, ancienne alcoolique, qui tente d'oublier la dévalorisation des qualités intrinsèques de l'existence. La caméra se balade un peu partout, un peu comme celle d'un agent immobilier qui chercherait à vendre un trois-pièces cuisine avec vue sur le cimetière via internet.
Mais, le réalisateur à beau être moderne, il sent bien qu'il faut tout de même une petite intrigue pour envelopper son  joli  paquet cadeau. On ne peut pas regarder la flicaille picoler et se gratter le fion pendant une heure et demie !
Alors, le modern guy  invente une vie privée à ses personnages et les balance dans une histoire de sdf qui se font trucider par des méchants venus d'Europe de l'est.
L'issue est prévisible, les méchants sont méchants, les poulets sont méritants et l'ensemble est d'une banalité affligeante.
On pissera de rire en repérant les nombreuses affiches de cinéma sur les murs, punaisées au-dessus des bureaux des inspecteurs. Une modern' touch indispensable qui veut sûrement signifier "Regardez les gars, ça, c'était l'ancien cinéma, moi je fais du nouveau".
Ah! la la la la ....
Comme prescription, je conseille vivement aux lecteurs de ce blog de relire les différents opus de la saga du commissariat du 87ème district  par Ed Mc Bain.
 Dans les romans noirs du grand Mc Bain, le parti-pris de faire vivre le lecteur à l'intérieur du mal est totalement maîtrisé . La réussite est en partie due à la force des personnages qui sont ici  présentés et  taillés-détaillés comme les vrais héros des différentes intrigues.  Au fur et à mesure de la progression de l'oeuvre, ces personnages évoluent et la ville imaginaire d'Isola avec eux. Ainsi, nous comprenons mieux les motivations de ces flics et les méandres de la société dans laquelle ils sont plongés sans pouvoir changer grand chose. C'est beau, c'est tragique, c'est vieux !
Beurk...
Julius Marx 

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