jeudi 8 mai 2014

Diaboliques, oui.



L'une des grandes différences entre le cinéma d'hier et celui proposé aujourd'hui c'est assurément le montage. J'observai cette différence en visionnant l'autre soir les Diaboliques à la télévision. Dans son film, Clouzot prend  grand soin de lier les scènes entre elles avec, par exemple, des liaisons techniques (des enfants descendent les escaliers en courant / une malle glisse sur un autre escalier pour finir sa course sur le sol du grenier.) Mais aussi, en utilisant de  simples liaisons de logique dramatique ( quand un personnage dit "allons manger" nous nous retrouvons  illico au réfectoire.)
On peut remarquer également l'utilisation du son  ( musique ou un bruit particulier) pour clore une scène et entrer dans une autre.
Toujours côté montage, sans grue ni ordinateur, le cadrage est  essentiellement centré (si j'ose dire) sur les personnages. Sans utilisation abusive du champ/contre-champ ( du type je questionne, tu me réponds) l'auteur fait un effort  tout particulier pour contenir ses acteurs dans le cadre. Ici, le close-up évite bien souvent une réponse de l'intéressé.
Puisque, à n'en pas douter, nous suivons le travail d'un auteur, notons derechef le soucis de localisation. Dans les premiers plans du film, nous apercevons une borne kilométrique portant le nom de la ville où nous nous trouvons et, dans un autre plan bref, le nom de l'institution dans laquelle va se dérouler une grande partie du drame.Comme chaque plan est utile et n'a pas été placé là par erreur, nous apprécions beaucoup la petite flaque d'eau avec le bateau de papier,manifestement confectionnée par un enfant, qui flotte dessus. Notre excitation monte d'un cran encore, lorsque la roue de la voiture du directeur, qui vient d'entrer dans l'institution, écrase sans ménagement le bateau.
Un autre plan nous fait découvrir la piscine recouverte de feuilles mortes. A lui seul, ce plan nous en apprend beaucoup plus sur la situation présente de l'institution qu'un long discours.
Nous avons évoqué le montage et le soucis d'information, ajoutons les décors ( la chambre de la directrice de l'institution ressemble à une chapelle avec son confessionnal ) et les costumes avec ces nuances de gris qui s'affrontent.
Finissons avec les personnages que l'auteur a certainement imaginé ambigus et pour le moins mystérieux. Dans cette institution, personne n'est vraiment lisse et prévisible. On devine facilement que les professeurs, en fin ou en début de carrière, ont tous "ce désespoir dans le coeur et ces convulsions dans le gosier à cause de l'horreur des mystères qui ne peuvent pas être révélés," selon la formule chère à Edgar Allan Pöe.
Quant à l'intrigue, vous êtes déjà au courant.
Et après ça, vous voudriez que je vous parle de petits téléfilms ?
Soyons sérieux, voulez-vous.
Julius Marx


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