jeudi 23 octobre 2014

Joël, que ma joie demeure !



Un ancien danseur nu au Casino de Paris reconverti dans la limonade qui s'est fait radoter le nez en Italie, ourler les oreilles au Japon et arracher les molaires au Sri Lanka, un marchand de couleurs de Saumur, une héritière écossaise, un rebouteux qui produit un Calvados "qui a fait roter Pompidou", des paysans  arriérés qui parfument leur soupe aux yeux de cochon, trois malfrats totalement débiles et incapables, un ancien des colonies d'Afrique qui multiplie les lingots d'or, un paquet de danseuses topless, de femmes hystériques toutes croqueuses d'hommes !
Voila une partie des personnages du film "Les deux crocodiles" de Joël Séria. Après un tel inventaire,est-il besoin de vous conseiller de visionner au plus vite cet autre perle du réalisateur français qui date de 1987? Si vous êtes passés à côté, comme pas mal de spectateurs il semble bien, c'est le moment ou jamais de vous racheter.
Le personnage, c'est la marque de fabrique de Séria, il en surgit un à chaque coin de rue, à chaque scène, juste au moment où le spectateur soucieux de ne pas tourner de l'oeil devant son écran d'ordinateur est occupé à reprendre sa respiration. On a l'impression qu'il peut en dégringoler comme çà pendant des heures, des personnages, c'est dire!
Joël Séria n'aime pas les dialogues tièdes; ça tombe bien, nous non plus. Ces dialogues là, messieurs-dames, ne sont pas des "bons mots" mais de la vraie poésie, du rap provincial, du grand cru classé, des  morceaux de premier choix, de ceux que l'on met volontairement de côté pour le client philanthrope et connaisseur.
Et puis, comme dans pas mal d'autres films du prolifique Joël, nous finissons par aller voir la mer, nous promener sur une plage, goûter un moment de repos amplement mérité.
Allongés sur le sable fin, on jurerait entendre la voix de Joël Séria  qui murmure quelque chose comme : " Hé! Vous êtes prêts les gars, on va repartir, la pause est terminée."
J'envie avec vous les quelques égarés, ou les très jeunes spectateurs pour qui cet auteur reste à découvrir
Julius Marx

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