mardi 11 novembre 2014

Pompeux


Le film La ligne rouge de Terrence Malick pose une ribambelle de questions comme : pourquoi la guerre, pourquoi les hommes ont-ils cet instinct de mort, d’où peut bien venir ce besoin de s’entretuer alors que notre monde est si pur, si beau ? Le problème de ce film et de ses questions c’est que nous connaissons  déjà à peu près toutes les réponses. De fait, ce questionnement apparaît vain et d’une naïveté rarement égalée.
Pour questionner, Monsieur Malik  choisit le pompeux. Ralentis, raccords incertains, musique d’ascenseur omniprésente, gros plans sur la faune et la flore et : voix off en veux- tu… en voilà !  Alors, pour ne pas sombrer dans un sommeil réparateur, nous nous concentrons sur les scènes d’action proprement filmées, les différents plans rapprochés des soldats envoyés sur le front et les paysages magnifiques. Ici, la nature semble constamment en action, les lieux en mouvement perpétuel.
Le  véritable problème d’un film de genre comme celui-ci reste : le choix. Un auteur doit se demander comment aborder le sujet. Parlerons-nous des hommes, des causes, du  seul conflit etc…
Dans l’indispensable Deer Hunter de Cimino, par exemple, l’auteur choisit de s’intéresser aux hommes. Ces hommes, tous ouvriers dans une ville sidérurgique si laide  et malfaisante que l’on en arrive parfois à se demander s’ils n’ont pas échappés  au pire en partant pour la guerre, sont divisés. Leurs divisions vont évidemment s’accentuer avec la lourde épreuve qu’ils vont devoir subir avec le faible espoir de rester en vie. La question est : pourquoi acceptent-ils leur sort ? 
On peut avancer sans grand risque de se tromper que grâce à ce conflit le processus va s’accélérer et qu’ils vont plonger un peu plus rapidement dans le gouffre qui s’ouvre devant eux.
Alors, vivre une vie de labeur où, dans  le meilleur des cas, ils ne vont pas mourir à quarante ans d’alcoolisme ou des différentes maladies liées à leur boulot sordide, ou bien périr dans une jungle hostile pour un cartel de financiers qui font passer la destruction de la valeur pour du développement ? La célèbre scène de la roulette russe dans un tripot de Saïgon  ne résume-t-elle pas parfaitement leur situation ? 
Ces hommes se retrouvent bien à la place du grand cerf qu’ils vont chasser en groupe avant leur départ. Ils sont tous dans le viseur du chasseur.
Résumons-nous. Nous conseillons donc à Monsieur Malick d’arrêter le cinéma et de se diriger vers la photo. Puis, de se lancer dans la lecture du Voyage au bout de la nuit. Peut-être, après sa lecture, sera-t-il autorisé à pisser avec nous, dans la Seine.

Julius Marx

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