mardi 1 septembre 2015

Kane !



"La maison de la Reine Rouge est magnifique et remplie de personnalités très en vue venues savourer leur propre célébrité. Les fenêtres sont masquées par des rideaux de velours achetés spécialement pour les soirées données pendant le black-out. L’éclairage lui-même a été conçu pour cette unique soirée. Nous folâtrons parmi des faisceaux de lumière mobiles ; nous sommes des figurants dans un film expressionniste allemand sur les captifs du blitz de Beverly Hills. Cette maison, c’est un bunker ! Et ces gens-là sont les invités conviés pour la fin du monde !
Les effets de lumière ont été conçus par Gregg Toland, le directeur de la photographie qui a travaillé sur Citizen Kane, ce film récent que Hearst a tout fait pour couler. Toland est parti prendre une cuite gigantesque  lorsque Citizen Kane a capoté. Il a fini par échouer dans un bordel de Tijuana ; Claire De Haven et Orson Welles sont allés le tirer de là. Ils l’ont emmené au centre de désintoxication de Terry Lux pour qu’il redescende sur terre. L’élaboration de ce dispositif d’éclairage, pour lui, c’est de l’ergothérapie."


Savoureux petit extrait du journal de Kay Lake, daté du mercredi 10 décembre 1941, extrait  du chapitre 38 de Perfidia du grand James Ellroy.
Le Citizen Kane de Wells. Un vrai monument, une pièce de musée à la forme aussi puissante et cohérente que le contenu.. Toland a avalé  l'expressionnisme allemand pendant que Wells digérait toutes les formes de culture ; théâtre, opéra etc.
Comme la plupart des chefs d'oeuvre, le film est aussi nimbé d'histoires extraordinaires, d'affaires; bien réelles ( l'obstination de Hearst à vouloir couler le film) ou simplement inventées.
Ellroy a bien senti que ce Citizen là, c'est la quasi totalité du cinéma hollywoodien.
A revoir impérativement pour bien débuter notre année cinématographique avant de se pencher sans beaucoup de conviction sur d'autres petites choses sans grandes conséquences. 
Julius Marx

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire