mercredi 23 novembre 2011

Le Maître des personnages ( suite )




Créer un personnage avec une certaine épaisseur, un passé et surtout un présent, soit. Le boulot est relativement simple. La preuve en images avec 98 % des films américains. Mais, car il y a un mais bien entendu, cela ne suffit pas. Pourquoi donc les Rambo,les Termin-à tort,  et autres films catastrophe ou sentiment-Hal  ne sont pas devenus des classiques adulés des cinéphiles à lunettes ? Parce que les personnages, justement, ne sont que des clichés, des symboles sans  aucune signification, des personnages de spots  publicitaires. Dans ces films, on ne s'interroge pas, on regarde, c'est  amplement suffisant. Comme la pub, le message est simple, voir simpliste. La pâtée pour les chats doit pouvoir se vendre au plus grand nombre. La  seule règle, c'est celle du marché.
-Et les classiques adulés des cinéphiles à lunettes se moquaient-ils du marché ? demandent fort justement les directeurs de salles multiplex, les vendeurs de pop-corn et les gérants de fast-food.(1)
Eh bien non, justement, ils composaient avec.
-Prouvez-le !
-Pas de problème. Laissez-moi reprendre une bière et je suis à vous.
 Hitchcock, Lang et les autres  travaillaient avec le respect des spectateurs. A partir de scripts minutieux et de personnages crédibles dans la fiction, ils composaient une intrigue simple ( pas simpliste) capable d'unir et de faire réagir le plus grand nombre de spectateurs. Mais, un créateur ne peut se contenter de livrer un produit, même bien emballé, il se doit de donner sa propre vision des éléments contenus dans l'intrigue et dans la pensée du ( et des) personnages. Grâce à leur petit copain Hal, les marchands évitent soigneusement cet écueil avec un montage très serré alternant scènes d'action, de sexe et d' habiles trucages coloriés et sonorisés par des psychopathes.
Il est grand temps de se resservir une petite bière...
Chez Hitchcock le personnage est double. Nous avons déjà parlé, il me semble de ce double-je.
Il y a , en gros, une proportion disons... de 60% de  Bien,   30% de  Mal et 10 % d'inconnu .
S'il  est assez grand pour exhiber tout seul ses pourcentages, les personnages secondaires doivent aussi l'aider dans cette tâche périlleuse.
A ce titre Trouble with Harry est un véritable cas d'école. Le Maître des personnages  expose l'intrigue : on a découvert le cadavre d'un étranger dans le bois du charmant petit village, qui l'a tué?  La plupart des habitants de ce paisible village vont devoir exposer leurs pourcentages, un vrai cours de maths!
Autre exemple  avec Birds . La très célèbre scène ou la  riche, belle et blonde héritière va croiser la route de la belle brune, cynique et désenchantée nous éclaire sur le présent et le passé des deux femmes. Mais, sont-elles vraiment deux dans cette école?
Plus de bière.
FIN
Julius Marx







(1) Il faut aussi ajouter à cette liste les gérants de parkings souterrains, les vigiles des mêmes parkings, et puis les directeurs de chaînes de télévision qui diffusent les produits avant leur date limite de consommation.

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