samedi 12 novembre 2011

Week-end

Loin de la France et de ses primaires (je parle des élections, pas du peuple..) nos dimanches se divisent en deux catégories: celle où l’on va saluer le vieil océan, et celle où l’on regarde la pluie tomber inlassablement. Dans la seconde catégorie, la télécommande de la télévision et le vin espagnol  jouent  un rôle très important pour le déroulement  logique d’une agréable journée. Mais, pour rester dans le contenu de ce blog, parlons seulement de la télécommande même si le vin a le merveilleux pouvoir, lui aussi, de nous plonger dans un état   onirique. Ainsi, en évitant soigneusement les fameuses primaires citées plus haut, les sérial-séries, les fictions-frictions sexuellement approuvées par le csa, les sagas- histérico-historiques et les archives coloriées, nous avons la chance de voir dans le même week-end : « Y’a-t-il encore du jambon? »  « Duel au soleil » et « Les Commancheros ».
Le jambon, c’était pour le samedi soir. J’avoue que  ce télé-film à quelques millions d’euros avait pour nous une saveur toute particulière. En effet, nous venons d’un pays ou le porc et toute sa famille, lorsqu’ils s’aventurent sur les étalages, sont immédiatement  reconduits à la frontière dans un camion frigorifique. Cette fiction (car c’est bien une fiction dont il s’agit , pensez-donc, des arabes et des bobos qui communiquent !) nous l’avons trouvé amusante. Ce n’était pas vraiment une réflexion sur les couples de cultures mixtes, ni un pamphlet sur les méfaits du racisme ordinaire, encore moins un plaidoyer en faveur de l’abstinence, du renoncement et du sacrifice. Non, c’était  une macédoine ordinaire glissée dans sa tranche fine et  servie sur un lit de laitue , décorée de  mignons petits carrés de gelée tout autour. Saluons ce travail artisanal , à l’heure où les consommateurs vont acheter en masse le même produit en grande surface.
Pour le plat de résistance, il convenait d’être confortablement installé pour apprécier à sa juste valeur la performance de Jennifer Jones ( ah! ces lèvres…)  Pour le reste, reportez-vous aux sites habituels (le ciné-club de Caen pour le résumé et les 276 autres blogs  sur le western.) Sachez seulement que si l’on a pu qualifier le film de biblique et le taxer  même de démesure , c’est à mon sens ce qui fait sa gloire. Nous parlerons de Vidor dans un article moins léger (oui, il y en a aussi, ceux-là font ma gloire personnelle.)
Et puis, les Commancheros  sont entrées dans notre petit salon. Du coup, on se sentait un peu à l’étroit. Ma femme leur a demandé d’arrêter de pousser leurs petits cris perçants. Heureusement , quand leur chef s’est fâché , John Wayne lui a proprement cloué le bec. Quel Homme ! Au moment même où j’étais occupé à expliquer à ma douce moitié qu’à mon humble avis ,  un John Wayne parlant français n’est qu’un ersatz de John Wayne , qu’il faut absolument entendre sa voix originelle pour comprendre et aimer le personnage, une chose extraordinaire s’est produite.  Il s’est mit à parler anglais ! Etonnant, non? Sous nos contrées, on peut reprocher bien des choses aux chaines télévisées mais, on doit absolument les remercier aussi pour toutes ces surprises qu’elles savent si bien distiller au hasard des programmes. Plus tard, en remarquant que le personnage de Wayne dans le film porte le nom de Ed Mc Bain , je me tournai vers ma femme pour lui expliquer qui était Mc Bain… Mais, elle n’était plus là. J’ai donc pu me mettre à mon aise, poser mes longues jambes sur la table basse, allumer un cigare  et me prendre pour le Duke , juste pour une heure. Et dans la dernière bobine, croyez-moi, je n’ai pas chômé. J’ai sauvé plusieurs veuves éplorées, un bon nombre d’orphelins et descendu un sacré paquet de peaux-rouge.
Fin du week-end.
Retour à la chienne de vie, la dure réalité.
I’m poor lonsome cow-boy.
Julius Marx

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