dimanche 20 janvier 2013

Grand spectacle


Dès le premier plan de Amour de Michael Haneke, le ton est donné. Nous allons  assister à une représentation de l'Amour. Le couple d'octogénaires sur scène (Trintignant et Riva) est seul contre tous.
Dès la fin du premier acte, suite à la paralysie de la femme, leur vie va  se transformer et  se résumer à une longue attente.
Eux, c'est la poésie, tout le reste, personnages ou éléments matériels, rien que  la piteuse réalité.
Fiction contre réalité donc, en sachant pertinemment que la réalité l'emporte toujours.
Nous accompagnons pourtant les deux comédiens dans cette démonstration en gardant le secret espoir que, pour une fois, les choses vont enfin s'inverser.
Il en est ainsi pendant toute la durée du spectacle. A chaque acte, le quotidien, le banal, l'ordinaire viennent  sans cesse s'opposer à l'émotion, aux sentiments, à la pureté.
Le couple se retrouve donc hors du monde , dans cet appartement  bourgeois d'un temps révolu, avec leur musique, leurs livres, leurs albums photo et leurs souvenirs d'enfance.
On peut penser au fameux Des Esseintes de Huysmans dans son roman A rebours qui fait le choix singulier de se retirer dans sa maison avec ses oeuvres préférées, hors du monde des vivants.
A la fin de la représentation, ils sortent tous les deux côté jardin et nous applaudissons.
Mais, bientôt, hélas,  un peu groogy et  assommés par cette trop forte dose d'émotion,  il faudra quitter le théâtre et se retrouver dans la rue.
Julius Marx

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