mardi 19 mars 2013

Les courses du samedi


On le sait , les téléfilms formatés, étudiés et sélectionnés par tranche horaire ( tranche familiale de début de soirée, tranche de fin de soirée etc) sont tous fabriqués pour être diffusés ,à un moment ou à un autre, sur l'écran plat de nos vies blanches.
Parmi les téléfilms" chics", nous avons vu avec intérêt le dernier opus de la franchise James Bond. Il est évidemment manifeste que les fabricants du produit "tête de gondole" sont en plein chantier de rénovation. Dans cette intrigue, 007 ne flingue pas seulement les méchants. Avec un zèle et un professionnalisme  dignes d'un chef de rayon, le grand Bond fait aussi dégringoler l'ensemble des clichés et images liés au produit. On se croirait à la foire du Trône, roulez petits bolides !
Comme les paquets de lessive, les sodas ou autres boites de corn-flakes, le produit doit absolument changer d'image pour ne pas lasser le consommateur. Le travail des designers est performant et l'entreprise de démolition très habile,et même quelquefois drôle ( James reprenant l'ancienne voiture de Sean, M se retrouvant sur le terrain etc). Si le méchant reste un psychotique-paranoïaque-sanguinaire, il  a lui aussi, et c'est la grande  nouveauté, un présent et un passé, comme celui qu'il combat.
Au passage, il faut noter la grande et belle composition de Javier Bardem évoluant dans les impossibles décors d'une île abandonnée. Mais où vont-il chercher tout çà, bon sang?
Bref, pour résumer, dans les lasagnes Findus, on sait qu'il y a de la viande de cheval, mais, on en mange quand même.
Vu aussi un téléfilm moins chic mais fabriqué avec conviction et soin qui s'appelle Populaire.
De ce produit, placé entre les conserves et le rayon bio, on peut parler de deux façons.
Les abonnés à un hebdomadaire catholique de gauche critiquant  même quelques films iraniens (si, si...) remarquerons une intrigue simpliste mais qui a le courage d'évoquer la place de la femme ( et du même coup celle de l'homme) dans la société française du début des trente glorieuses par l'intermédiaire d'une secrétaire qui rêve de taper à machine à écrire plus vite que toutes ses copines.
D'autres spectateurs, abonnés à un hebdomadaire à grand tirage, y verrons plutôt une comédie bien rafraîchissante, dédiée au gentil Frank Capra , avec des couleurs vives, des musiques entraînantes et des acteurs forts sympathiques et très capables.
Oui, mais alors, dans les conditions du marché actuel, pouvait-on faire mieux?
Certainement pas. Welles avait  déjà exposé  et disposé de la grande majorité des codes de narration dans son Mister Kane.
Peut-être, trouver une autre forme?
Oui, un défi pour le moins singulier comme celui, par exemple, d'un scénariste voulant adapter le "Voyage " de Céline et qui se demanderait comment exprimer à l'écran tous ces points d'exclamations!
Quelle misère.
Julius Marx

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