mercredi 13 mars 2013

Pièce de musée (fin)



Allons bon, il pleut de nouveau. Il parait même que là-haut, dans le nord, la neige provoque une drôle de pagaille. Profitons-en pour achever cette visite au musée.
Voici la toute première scène de While the city sleeps. Restés groupés, s'il vous plaît, messieurs dames.
Cette scène d'anthologie peut être considéré comme une sorte de master du film Noir parce que Lang y passe en revue la plupart des clichés et contraintes de la discipline formelle du genre.
Après un premier plan de situation très carton pâte, nous sommes dans une rue, la nuit, avec les traditionnels pavés mouillés. Ensuite, nous découvrons le personnage qui grimpe les escaliers d'un immeuble. Remarquons au passage qu'il s'arrête et pose sa main gantée sur la boule de la rampe d'escalier. La plupart des spectateurs ont déjà pigé que ce jeune garçon manifestement perturbé cherche une proie. Ainsi, lorsqu'il sonne à la porte d'un appartement, les petits malins s'attendent à voir apparaître une jolie blonde. Que nenni ! Lang prend son temps et nous propose plutôt un vieil homme.
Ce palier, placé pour faire monter la tension dramatique de quelques degrés, fonctionne à merveille.
Puis, le vieux s'en va et le jeune homme (caché) fait une nouvelle tentative. La porte s'ouvre, la jeune femme apparaît, la peur s'installe, la musique devient dramatique et ponctue maintenant les gestes de l'intrus.
Deux merveilleux plans brefs nous montre alors les yeux du tueur et la serrure qui va jouer un rôle primordial dans le dénouement de la scène  ( oui, on peut appeler cela un Deus-ex machina. c'est rassurant de voir qu'au moins une personne suit, merci, chère madame.)
Enfin, voici maintenant le plan de fin, remarquons que le point de vue change deux fois au cours de ce final. Nous sommes tour à tour, du côté  victime et puis, du côté tueur. Quant au meurtre, il n'est pas filmé et reste suggéré, ce qui , bien entendu, renforce encore l'intensité dramatique.
Le cri de la jeune femme sacrifiée nous transperce le coeur.
Et tout ceci en 2 minutes et 47 secondes !
Lang, qui vient de montrer au staff d'Hollywood et avec maestria qu'il est un vrai metteur en scène, peut maintenant passer à ce qui l'intéresse : l 'ordre et la morale, bref : la conscience.
Je vous laisse, je viens d'apercevoir un arc-en-ciel. Les oiseaux gazouillent de nouveau.
Le monde est beau.
Julius Marx



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