lundi 15 avril 2013

Populaire , vous dites?


Il semble que ce mois tout entier soit consacré à fêter les quatre-vingt ans de Jean-Paul Belmondo.
Après tout, c'est plutôt logique si on jette un coup d'oeil sur le nombre de personnages joués et le gros travail de production IN et OUT de la star française.
Je suis sûr que vous avez tous déjà vu cet extrait émouvant et drôle d'un jeune Belmondo, interrogé dans les années soixante, imitant le grand Michel Simon. En regardant  hier après-midi l'émission spéciale autour du magnifique je me suis dit que le jeune homme du passé avait maintenant la voix et la trogne de son illustre prédécesseur.
Impossible aujourd'hui d'y retrouver cet air frondeur si particulier et ce sourire à peine esquissé, véritable marque de fabrique de l'acteur que les plus chanceux d'entre nous avaient  pu découvrir, par exemple, quelques années plus tôt, chez le déjà bondissant  et merveilleux Gérard Philipe dans son Fanfan la Tulipe.
Cette subtile et moderne façon de faire inaugurée au tout début de sa carrière, promenée dans ses films italiens si séduisants et même dans un rôle de prêtre (Léon Morin), n'a jamais cessé de s'épaissir  pour s'achever en quasi-caricature dans les films à gros budgets formatés (jusque dans la typographie des affiches) des années quatre-vingt.
Un seul film échappe pourtant à la règle, je pense, il s'agit d'Un Singe en Hiver. Comme si le jeune homme d'alors, impressionné par la carrure de Gabin le Patriarche, avait inconsciemment  décidé de rester en retrait en laissant  de côté ses petites manies.
Dans cette émission le mot populaire est aussi revenu à maintes reprises.Et le présentateur zélé de citer les grands faiseurs du cinéma d'avant qui, on le sait, était vraiment du cinéma !
Quel plaisir également d'apprendre de la bouche du gentil Guillaume Canet son admiration pour le Professionnel. On comprend maintenant un peu mieux le sens caché de ses propres films.
Mais qu'est-ce qu'un acteur populaire: quelqu'un qui rassemble ? Certainement.
Je me rappelle avoir assisté à une formidable séance de cinéma dans une salle en plein air sur le continent africain. A cette époque, l'espace était divisé en trois parties bien compartimentées. On trouvait dans un premier temps, de simples bancs de pierre situés tout près de l'écran, puis  plusieurs rangées de bancs de bois et, enfin, des chaises (branlantes et quelquefois cassées, mais des chaises tout de même) abritées par un grand toit de tôle ondulée. Au début de la projection, les spectateurs étaient calmes, puis, à   l'apparition de Notre Jean-Paul national, les "rangs de pierre" sautaient de joie, criaient et se mettaient à danser, aussitôt imités par les "bancs de bois". Et, quand une subite tornade  s'invitait pendant la projection, avec son vent d'enfer et une pluie qui martelait la tôle dans une cadence infernale, l'ambiance atteignait des sommets! Qu'importe si le projectionniste se trompait souvent de bobine et qu'il nous arrivait  de voir le dénouement avant la troisième partie.
Un acteur populaire est bien celui qui rassemble les premiers rangs, les rangs intermédiaires et les rangs huppés.
En tout cas, c'est ma définition.
Allez, mon Jeannot, remet nous ça!
Julius Marx


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