vendredi 5 avril 2013

Une histoire vraie


Qu'est-ce qu'un bon scénario?
En visionnant Argo de Ben Affleck, qui a récolté une ribambelle de récompense, entre autre pour son script, on peut se poser la question.
Je pense qu'un bon scénario  s'écrit à partir d'une situation initiale prometteuse et se joue inévitablement sur la continuité. L'intrigue ne doit jamais cesser de progresser jusqu'au dénouement, qu'il soit surprenant ou pas. Et puis, bien entendu, le personnage principal  doit "épaissir" au fur et à mesure de sa quête.
Enfin, le script doit être au service d'un contenu, d'un parti-pris, d'une cause à défendre. La nature même de ce contenu, même si elle peut se révéler discutable, reste le choix de son auteur.
La situation initiale du film Argo est plutôt prometteuse. En 1979, en pleine affaire des otages de l'ambassade US en Iran, un agent spécialiste des filtrations de la CIA doit se rendre sur place pour faire sortir  six otages échappés de l'ambassade avant l'assaut des révolutionnaires iraniens, et réfugiés dans la maison de l'ambassadeur du Canada. On se frotte les mains ! Surtout en découvrant les suggestions des pontes du ministère des affaires étrangères qui pensent sérieusement  faire sortir le groupe  en vélo de Téhéran...
On ne se frotte plus les mains mais on applaudit en visionnant cette scène d'un réalisme rare où les dirigeants américains nous montrent leur vrais visages et leur réel degré d'intelligence. En replaçant cette scène dans notre contexte actuel, on jurerait qu'il s'agit d'une réunion de décideurs tous employés de diverses organisations humanitaires, grands spécialistes des peuples opprimés.
Et puis, on applaudit encore quand l'option choisie s'avère être le montage du faux tournage d'un film de science-fiction. L'agent spécial se rend donc dans la Mecque du cinéma pour rencontrer des producteurs aussi zinzins que ses chefs de service.
On pense ( et on a raison de le faire) que ce film courageux va venir dénoncer toutes ces magouilles en unissant dans un projet farfelu le cirque politique et le cirque hollywoodien.
Mais, hélas, on s'aperçoit que l'on a eu tort de s'emballer de la sorte et on se frappe les joues de dépit.
Après ces efficaces et très drôles séquences de préparation, le film devient  d'un conventionnel désuet.
Le voyage iranien ne réserve plus aucune surprise. Les bons sont tous TRES bons et les méchants sont tous TRES méchants. De plus, le personnage principal apparaît nettement moins fringant que dans les premières séquences. Bref, on cherche le parti-pris, mais on ne voit qu'un film d'action au suspens bien monté sans Stallone ni Steven Seagal.
Je vous rassure, tous le monde rentre chez soi sain et sauf et puis, il y a de la musique et des buffets.
La phrase clé de ce script ( et d'une grande partie des scripts actuels)  reste " a partir d'une histoire vraie" . On ne  magnifie pas, on ne travaille pas  l'extra-ordinaire, on se contente d'enregistrer du vécu.
Si vous aimez le vécu, je vous conseille plutôt d'aller voir les fantastiques photos de Tim Page sur son site dans la rubrique "agent Orange".
A côté de ces photos, mes ratiocinations semblent bien dérisoires.
A plus tard.
Julius Marx
timepageimage.com.au

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