lundi 22 avril 2013

Sanctification



En tournant Micmacs à tire-larigo l'élégant jean-Pierre Jeunet a réalisé un véritable film et une vraie fiction.
Ici, il n'est aucunement question de reproduire la réalité mais de mettre en scène une certaine idée, car l'image ne peut exister sans idée, sans contenu réel.
De ce contenu, nous allons parler plus tard. Mais, tout de suite, attardons-nous sur l'idée première du film qui est, il me semble, une sanctification d'un cinéma dit classique. Ainsi, nous assistons à une accumulation de clichés positifs. Dans le monde du cinéma, cliché n'est pas un mot aussi péjoratif que dans le monde réel. Il est  communément employé pour justifier l'emploi de  syntagmes visuels forts et efficaces qui permettent aux spectateurs de se glisser dans la fiction.  Grâce aux clichés, le spectateur va  se retrouver au centre du drame, sur les lieux même où les  différents personnages  vont devoir s'affronter. Il permettront  également de se faire une idée sur la psychologie des personnages, le genre dramatique choisi et bien entendu l'époque où se déroule l'action.
Sanctification donc, parce que l'auteur n'a pas cherché à dissimuler ses intentions, préférant attaquer de front  en présentant des décors et des personnages outrageusement caricaturés et colorisés.
Ainsi,  le personnage principal, un rêveur employé d'un vidéo-club, est occupé à visionner le Grand Sommeil dont il connait les répliques par coeur. Les personnages secondaires, tous échappés du cinéma des années trente,  remplissent merveilleusement leurs rôles et leurs fonctions et Paris nous est présenté  comme une ville tentaculaire proche de la Métropolis de Fritz Lang.
Enfin, tout ce joli petit monde trouve gîte et couvert dans une sorte de grotte, très proche de la maison de Vous ne l'emporterez pas avec vous, du gentil Frank Capra.
Dans cette  maison du bonheur, on retrouve un créateur d'automates, un homme-canon, un taulard gracié, une contorsionniste( une vraie comédienne, c'est si rare) , un écrivain débutant, une jeune et fraîche créature et une maîtresse de maison adepte de la vraie purée passée au moulin à légumes.
Côté contenu, les personnages vont tenter de mettre fin aux agissements de deux puissants ( et très méchants) marchands d'armes liés au pouvoir politique.
La critique d'un monde marchand voulant supprimer celui des rêveurs et des idéalistes est évidemment présente mais, on peut y deviner  aussi le combat incessant des empêcheurs de tourner en rond face aux représentants de la pensée unique.
Amusante, agréable, rythmée; la sanctification  est pleinement réussie.
Nous pouvons maintenant retourner aux affaires courantes.
Julius Marx

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