Ici, nous sommes dans l'Ouest et quand la légende dépasse la réalité, on filme la légende.
mercredi 10 octobre 2012
Exercice de logique comparée
Quelle différence peut-il bien exister entre un télé-film et un véritable film?
Laissez tomber les questions d'argent, ne soyez pas vulgaires, voulez-vous..
Parlons plutôt du contenu. En regardant l'autre soir d'un oeil avisé un épisode de la série Caïn sur une chaîne des sévices publiques (non y'a pas de faute d'orthographe) j'ai pensé que je tenais le bon exemple pour enfin coucher devant vos yeux le raisonnement que voici.(1)
Dans cette série le personnage principal est un gradé de la police marseillaise ( c'est si typique là-bas peuchère!) qui se retrouve en fauteuil roulant à la suite d'un accident de la route; une sorte d'Ironside en beaucoup plus jeune et avec moins de personnel autour de lui que ce bon vieux Robert.(2)
Après les doublettes gagnantes ; vieux-jeune, homme-femme, homme-noir, femme-noir, homme-chien, médecin légiste sérial-killer et j'en passe, nous voici maintenant avec un trentenaire qui abandonne les risques du métier à sa jeune partenaire.
Laisser la responsabilité de l'intrigue à ce personnage négatif après tout, pourquoi pas? Chez les frères Coen , par exemple, la méthode reste payante.
Mais, les auteurs du script ne s'appellent pas Coen, aux dernières nouvelles il parait même qu'ils ne sont même pas frères du tout !
Probablement pour cette unique raison, le personnage principal n'est ici jamais vraiment utilisé, aussi bien dans sa force négative ou positive. Nada, dégun.... Rien à signaler. Nous nous contentons de suivre une intrigue rebattue sur fond de paysages industriels ou maritimes ( c'est si beau, la Provence!)
Car dans l'industrie télévisuelle on ne prend jamais de risques Monsieur; on filme, c'est tout.
Avec une capacité professionnelle minimale, on enfile les perles de ce qu'on croit être du polar, du bon, du vrai, du solide. De celui qui fait peur à la ménagère qui a maintenant largement dépassé les cinquante ans, qui fait aussi beaucoup parler le jeune cadre qui achète les pavés-thrillers de l'été.
Bref, où sont passés les sentiments?
Comme l'écrit Jim Harrison " sans les sentiments, nous ne serions que de simples morceaux de barbaques sur le plancher."
Où est passé la critique sociale?
La série télévisée est clairement fabriquée pour des spectateurs niais qui n'ont jamais eu la chance de visionner la moindre petite minute d'un film noir de Kurosawa, par exemple, où les sentiments et la critique sociale l'emportent haut la main sur une intrigue pourtant beaucoup plus épaisse.
Ces spectateurs de séries (américaines comprises) qui sont habitués à saisir quelques vérités sous un flot de bavardages professionnel.
Ce qui prime, c'est le mensonge et ce qui est vraiment neuf, c'est seulement la modernisation du mensonge.
Le spectateur ne doit jamais percevoir la plus petite vérité ni entrevoir l'état de guerre qui lui est familier.
Sur ces bonnes paroles j'invite les adeptes de hédonisme pelliculaire à nous rejoindre au plus vite.
Aux armes spectateurs !
Retrouvons le tranchant, le rythme et la beauté du monde d'avant.
Coupez!
Julius Marx
(1) Les fidèles lecteurs de ce blog savent qu'il m'arrive d'écrire téléfilm une fois (voir plus) par article..
A tous les autres ( il faut bien avouer qu'ils sont plus nombreux) je souhaite la bienvenue.
(2) The Ironside (L'homme de fer) est une série américaine diffusée en France dans des années 70. Elle met en scène Robert Dacier ( ah ces frenchs, quels rigolos!) redoutable policier qui, après avoir reçu une balle dans la colonne vertébrale, se retrouve dans un fauteuil roulant, privé de l'usage de ses jambes. Il est entouré d'une équipe efficace avec laquelle il continue à mener ses enquêtes policières.
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