mercredi 23 novembre 2011

Le Maître des personnages ( suite )




Créer un personnage avec une certaine épaisseur, un passé et surtout un présent, soit. Le boulot est relativement simple. La preuve en images avec 98 % des films américains. Mais, car il y a un mais bien entendu, cela ne suffit pas. Pourquoi donc les Rambo,les Termin-à tort,  et autres films catastrophe ou sentiment-Hal  ne sont pas devenus des classiques adulés des cinéphiles à lunettes ? Parce que les personnages, justement, ne sont que des clichés, des symboles sans  aucune signification, des personnages de spots  publicitaires. Dans ces films, on ne s'interroge pas, on regarde, c'est  amplement suffisant. Comme la pub, le message est simple, voir simpliste. La pâtée pour les chats doit pouvoir se vendre au plus grand nombre. La  seule règle, c'est celle du marché.
-Et les classiques adulés des cinéphiles à lunettes se moquaient-ils du marché ? demandent fort justement les directeurs de salles multiplex, les vendeurs de pop-corn et les gérants de fast-food.(1)
Eh bien non, justement, ils composaient avec.
-Prouvez-le !
-Pas de problème. Laissez-moi reprendre une bière et je suis à vous.
 Hitchcock, Lang et les autres  travaillaient avec le respect des spectateurs. A partir de scripts minutieux et de personnages crédibles dans la fiction, ils composaient une intrigue simple ( pas simpliste) capable d'unir et de faire réagir le plus grand nombre de spectateurs. Mais, un créateur ne peut se contenter de livrer un produit, même bien emballé, il se doit de donner sa propre vision des éléments contenus dans l'intrigue et dans la pensée du ( et des) personnages. Grâce à leur petit copain Hal, les marchands évitent soigneusement cet écueil avec un montage très serré alternant scènes d'action, de sexe et d' habiles trucages coloriés et sonorisés par des psychopathes.
Il est grand temps de se resservir une petite bière...
Chez Hitchcock le personnage est double. Nous avons déjà parlé, il me semble de ce double-je.
Il y a , en gros, une proportion disons... de 60% de  Bien,   30% de  Mal et 10 % d'inconnu .
S'il  est assez grand pour exhiber tout seul ses pourcentages, les personnages secondaires doivent aussi l'aider dans cette tâche périlleuse.
A ce titre Trouble with Harry est un véritable cas d'école. Le Maître des personnages  expose l'intrigue : on a découvert le cadavre d'un étranger dans le bois du charmant petit village, qui l'a tué?  La plupart des habitants de ce paisible village vont devoir exposer leurs pourcentages, un vrai cours de maths!
Autre exemple  avec Birds . La très célèbre scène ou la  riche, belle et blonde héritière va croiser la route de la belle brune, cynique et désenchantée nous éclaire sur le présent et le passé des deux femmes. Mais, sont-elles vraiment deux dans cette école?
Plus de bière.
FIN
Julius Marx







(1) Il faut aussi ajouter à cette liste les gérants de parkings souterrains, les vigiles des mêmes parkings, et puis les directeurs de chaînes de télévision qui diffusent les produits avant leur date limite de consommation.

mardi 22 novembre 2011

Le Maître des personnages


Je sais que l'on qualifie souvent Alfred Hitchcock de Maître du suspens ou Maître de l'angoisse. Pourtant,  si un autre titre lui colle à la peau c'est celui de Maître des personnages.
Dans ses films, je le soutiens, l'intrigue n'est pas l'élément déterminant. Le Maître et sa bande de scénaristes
 ( Stéphano pour Psycho, Irish pour Rear Window , Lehman pour  Rope etc .. on ne cite jamais assez les auteurs de scripts)  privilégie toujours le personnage.Grâce à une scène de présentation brève, ( dite scène d'exposition) concise et efficace, nous sommes présentés au personnage principal, celui qui va prendre en charge le récit.
Ainsi, pour North by Northwest, dès les premiers plans, nous rencontrons un publicitaire  un peu trop sûr de lui qui nous tape déjà sur les nerfs dès la première scène où il apparaît, un record ! Dans Birds , une jeune et riche héritière incomprise à qui on donnerait  bien volontiers une bonne paire de baffes. Autres têtes à claques, les deux beaux jeunes hommes si distingués de Rope, si clairement définis dans leur fonction et leur caractère au moment même où ils sont très occupés à étrangler leur camarade de classe. La chambre d'hôtel de Psycho,  qui abrite la relation coupable d'une employée de bureau et d'un représentant de commerce est bien sordide, pas de doute là-dessus. L'homme est un salaud et la fille le sait, nous aussi par la même occasion... Visionnez la scène et vous verrez. Mais Psycho est une présentation ou exposition différée (nous reviendrons plus tard sur ce détail important, c'est promis.)
Ensuite, le Maître s'amuse à faire tomber ses personnages dans un piège (Plot-point ou point du complot). Les spectateurs que nous sommes ne se posent qu'une seule et unique question: comment vont-ils s'en sortir?
Nous savons qu'un flic qui a le vertige (Vertigo) va  finir par se retrouver en haut de quelque chose tôt ou tard. Nous savons aussi que l'employée de bureau (Psycho) va saisir la chance qui s'offre à elle de changer enfin de vie. Que dire d'un type qui passe son temps libre à regarder par la fenêtre avec sa paire de jumelle. (Rear Window)?
L'art du Maître et de ses scénaristes:  savoir placer les rebondissement structurels là où il faut et comme il faut. Le moteur tourne rond, la mécanique est bien huilée.Mais, elle doit  s'appuyer sur un personnage fort (dans le sens de consistant, de positif).Un personnage capable de réagir, puis d'agir. Ce personnage c'est évidemment nous, les spectateurs. Après tout, ce n'est que justice, nous avons bien le droit d'avoir nos deux heures de gloire, comme le disait ce bon vieux Andy.
Alors, la jeune et riche héritière va révéler  son vrai visage en pulvérisant des mouettes et une centaine
 d'affreux corbeaux croaaaassants . Le flic va se montrer à la hauteur (jeu de mots, j'ai honte.) Le publicitaire va lutter contre un avion qui pulvérise des récoltes là où il n'y en a pas et rencontrer l'amour ! Tout ceci est très positif et très encourageant. Mais, ça se complique lorsque le héros devient négatif. Lorsque le Maître nous fait rencontrer l'autre face du personnage, son complément essentiel : le mal. Revenons à Psycho et à son exposition différée. L'employée de bureau se sauve donc avec l'argent. La question est : comment va-t-elle s'en sortir?
Oui, mais, elle s'arrête dans un motel un peu particulier et se fait trucider par un psychopathe qui ne s'occupe absolument pas du paquet de billets. L'intrigue change alors radicalement de cap et devient : qui a tué la fille et  surtout, pourquoi?
Tiens, on tambourine à ma porte et je n'attends personne, bizarre...
Julius Marx 

jeudi 17 novembre 2011

A vos souhaits !


Il est des semaines très pénibles où les télévisions payantes et gratuites ne donnent aucune  occasion de se frapper les cuisses en cadence ni d'entonner un hymne au vrai cinéma.
Parlons donc des films Kleenex, ceux qui s'oublient dès l'apparition du générique de fin sur l'écran. Pas de plans cinématographiques, pas de scripts, pas de montage élégant et surtout , c'est une constance, une bonne moitié de l'ensemble des paroles échangées inaudible:  faites place aux films Kleenex !
The winner is : Les petits mouchoirs. S'il arrive largement en tête dans sa catégorie, ce film ne le doit pas exclusivement  à l'élégante appellation (et au jeu de mots encore plus fin)  qui le caractérise  mais bel et bien parce qu'il remplit toutes les fonctions de sa catégorie. Oui, je sais, quatre millions de personnes ont pleuré dans leurs petits mouchoirs, et alors?  Allez hop ! Le rituel du résumé pour  ceux dont le tire-jus est encore net.
A la suite d'un événement bouleversant, une bande de copains décide, malgré tout, de partir en vacances au bord de la mer comme chaque année. Leur amitié, leurs certitudes, leur culpabilité, leurs amours en seront ébranlées. Ils vont enfin devoir lever les "petits mouchoirs" qu'ils ont posés sur leurs secrets et leurs mensonges.

Commençons par le prétexte (pour les non-initiés qui nous rejoignent sur ce blog d'initiés je signale que le prétexte est l'épine dorsale du script, le point de départ du conflit qui  doit, en principe, opposer les personnages.) La bande de potes décide de partir tout de même en vacances, Bouh ! Les Vilains! Les Sans-Coeur! Mais, que va-t-il se passer pendant ces satanées vacances? RIEN. Le plus riche de la bande découvre qu'il est stressé. Son copain le mignon kiné pense qu'il a une attirance pour les hommes (mais attention, hein, il est pas PD !) Les filles sont toutes insatisfaites et les autochtones (des vrais hommes de la terre, ou plutôt de la mer) sont tous bourrés de bon sens et de mauvais rosé. Résultat : à la fin, ils pleurent tous. Bref,  trois heures de film pour, en gros, le contenu de la première bobine de Théorème de Pasolini.
Ne me dites surtout pas que je ne voie que le négatif (jeux de mots again).Non, je reste positif , la preuve je vous conseille de visionner Peter's Friends de l'excellent Kenneth Branagh ou même Vincent, François, Paul et les autres, deux vrais films écrits. Deux bons exemples où le scénariste ne se contente pas d'exposer simplement le conflit. Il taille allègrement dedans !!! Et puis, nous connaissons bien les personnages, nous savons avec qui nous nous embarquons. Les deux scènes clé sont d'ailleurs de merveilleuses scènes de repas conviviaux où les éléments explosent entre la poire et le fromage. Voilà ce qu'on reproche à ces petits mouchoirs, ils n'explosent pas ! Ils finissent roulés en boule au fond d'une poche.
Au moins, pendant "Y-a-t-il un flic pour sauver la reine ?" autre fleuron des industries Zucker-Abrahams  on se bidonne. Nielsen fait son possible pour ressembler à Peter Sellers mais, on ne ressemble pas à Peter Sellers.
Dans "Un balcon sur la mer", on ne se bidonne pas. Les auteurs (bof) ont voulu un film dramatique. Il l'est.
Les scènes, toutes sonorisées au violoncelle ( marque de fabrique des productions estampillées cinéma d'auteur français) ne sont pas vraiment des scènes. Les dialogues sont si pauvres que Standard et Pools songe sérieusement à  supprimer leur triple A. Et puis, le montage, je devrai dire le hachage menu, est probablement assuré par l'artisan zélé de Massacre à la tronçonneuse . La bande son est si horripilante que je me suis demandé si la chaîne câblée ne s'était pas procurée une copie non mixée..
Pourtant, les  images d'Alger sont diablement  nostalgiques, les enfants sont beaux et insouciants et Jean Dujardin  a la carrure de Lino Ventura. Ah! Si les auteurs s'étaient simplement effacés devant l'intrigue en le laissant s'exprimer!!!!
Coupez!
Julius Marx

lundi 14 novembre 2011

L'instinct du chasseur


Pourquoi ça marche ? Pourquoi un film des frères Coen apporte toujours la même dose d'émotion.?
Pourquoi est-il si souvent crédible, même dans la fiction?
Oui, je sais, c'est parce qu'ils ont les moyens de leur ambition. Mais, pas seulement. Alors, parlons un peu de No Country for old men et tentons de répondre à ces  lancinantes questions. Avant cela, le petit rituel (les habitués sont déjà au courant) du résumé.
Texas1980. Alors qu'il chasse près de la frontière du Mexique, Llewelyn Moss (Josh Brolin) découvre par hasard les cadavres d'une bande de trafiquants de drogue et une mallette contenant deux millions de dollars dont il s'empare. Il se retrouve poursuivi par Anton Chigurh (Javier Bardem), un tueur psychopathe engagé initialement pour récupérer l'argent, et le shérif Bell (Tommy Lee Jones), un homme vieillissant et désabusé...
C'est du copié-piqué sur Wiki-Machin. Si ce petit texte est fort utile, il  résume assez bien la ligne dramatique du film,on se  doit pourtant d'ajouter que l'intrigue principale du film est : un policier désabusé se pose un tas de questions sur mon métier, son avenir, l'avenir de sa région, de son pays, du monde entier et de ses habitants...
C'est évidemment l'intrigue secondaire (la poursuite impitoyable)  qui amène le policier à s'interroger. Même s'il ne prend pas subitement conscience de toutes ces belles choses, c'est le règlement de comptes entre les  trafiquants de drogue qui, en quelque sorte, fait déborder le crachoir.
Et notre flic philosophe de prendre en charge le récit (voix OFF) dès les premiers plans du film. Ces plans (fort beaux) sont des images de nature. Plaines, montagnes et vallons si chères aux grands anciens comme Mister Ford et  aussi indispensables au genre que la nuit, les pavés mouillés et les lampadaires pour le film noir. Passons maintenant à Moss le chasseur, celui dont la vie va radicalement changer. Les frères diaboliques ne font pas l'impasse sur l'installation de l'intrigue et la présentation du personnage. C'est là une des différences fondamentales avec un bon nombre de travailleurs du cinéma (la liste est tellement longue /soupirs.)
Les premiers plans sont composés autour du personnage de Moss et de sa partie de chasse. Nous apprenons que l'homme est un vrai chasseur. Il a l'instinct du chasseur et l'instinct de survie. Il montre sa capacité de déduction. Il connait la nature, les gestes et les attitudes à adopter lorsqu'on se retrouve en terrain hostile, face à un problème. Puis, nous le découvrons ensuite at home avec sa dulcinée . Voila pourquoi on ne s'étonne pas de le voir plonger ainsi dans l'histoire. Le chasseur devient chassé et réagit maintenant comme l'animal qu'il fixait dans son viseur le matin même.
Mais la chasse n'est plus ce qu'elle était mon bon monsieur!  Et oui, tout se perd, même les traditions ancestrales.Les sacro-saintes règles comme la chance laissée au gibier ou la lutte d'égal à égal c'est bien fini.
Aujourd'hui, les  chasseurs jouent la vie de leurs victimes à pile ou face ou se promènent avec une carte de crédit dans la poche intérieure de leur élégant costume trois-pièces. Ils vont même jusqu'à éliminer leurs proies grâce à de drôles d'armes qui ressemblent à des bouteilles de gaz, un comble ! 
Alors, victime de cette lutte inégale l'homme est implacablement éliminé au profit de celui qui ne respecte pas les règles. Au passage, signalons que la chasse (dans son contenu et sa morale) ressemble un peu à celle de Deer Hunter , mais ceci est une autre histoire, nous en reparlerons...
Observateur privilégié de cette chasse, le policier philosophe prend la seule décision qui s'impose : il démissionne. 
On peut choisir de suivre uniquement l'intrigue en votant pour le parti des chasseurs, ou préférer la nature  immuable en donnant sa voix aux écolos. Ou bien encore, pourquoi  pas, exprimer sa foi en l'être humain en manifestant dans la rue sous des banderoles colorées en criant des slogans. Mais, on peut aussi déposer un bulletin blanc dans l'urne. Un film ne répond jamais aux questions, il se contente de les poser, ce qui est déjà pas mal pour un divertissement populaire, non? 
Sur cette belle phrase, je vous quitte. Mon épagneul breton jappe, les grands espaces m'appellent...
Rompez les rangs! 
Julius Marx

samedi 12 novembre 2011

Week-end

Loin de la France et de ses primaires (je parle des élections, pas du peuple..) nos dimanches se divisent en deux catégories: celle où l’on va saluer le vieil océan, et celle où l’on regarde la pluie tomber inlassablement. Dans la seconde catégorie, la télécommande de la télévision et le vin espagnol  jouent  un rôle très important pour le déroulement  logique d’une agréable journée. Mais, pour rester dans le contenu de ce blog, parlons seulement de la télécommande même si le vin a le merveilleux pouvoir, lui aussi, de nous plonger dans un état   onirique. Ainsi, en évitant soigneusement les fameuses primaires citées plus haut, les sérial-séries, les fictions-frictions sexuellement approuvées par le csa, les sagas- histérico-historiques et les archives coloriées, nous avons la chance de voir dans le même week-end : « Y’a-t-il encore du jambon? »  « Duel au soleil » et « Les Commancheros ».
Le jambon, c’était pour le samedi soir. J’avoue que  ce télé-film à quelques millions d’euros avait pour nous une saveur toute particulière. En effet, nous venons d’un pays ou le porc et toute sa famille, lorsqu’ils s’aventurent sur les étalages, sont immédiatement  reconduits à la frontière dans un camion frigorifique. Cette fiction (car c’est bien une fiction dont il s’agit , pensez-donc, des arabes et des bobos qui communiquent !) nous l’avons trouvé amusante. Ce n’était pas vraiment une réflexion sur les couples de cultures mixtes, ni un pamphlet sur les méfaits du racisme ordinaire, encore moins un plaidoyer en faveur de l’abstinence, du renoncement et du sacrifice. Non, c’était  une macédoine ordinaire glissée dans sa tranche fine et  servie sur un lit de laitue , décorée de  mignons petits carrés de gelée tout autour. Saluons ce travail artisanal , à l’heure où les consommateurs vont acheter en masse le même produit en grande surface.
Pour le plat de résistance, il convenait d’être confortablement installé pour apprécier à sa juste valeur la performance de Jennifer Jones ( ah! ces lèvres…)  Pour le reste, reportez-vous aux sites habituels (le ciné-club de Caen pour le résumé et les 276 autres blogs  sur le western.) Sachez seulement que si l’on a pu qualifier le film de biblique et le taxer  même de démesure , c’est à mon sens ce qui fait sa gloire. Nous parlerons de Vidor dans un article moins léger (oui, il y en a aussi, ceux-là font ma gloire personnelle.)
Et puis, les Commancheros  sont entrées dans notre petit salon. Du coup, on se sentait un peu à l’étroit. Ma femme leur a demandé d’arrêter de pousser leurs petits cris perçants. Heureusement , quand leur chef s’est fâché , John Wayne lui a proprement cloué le bec. Quel Homme ! Au moment même où j’étais occupé à expliquer à ma douce moitié qu’à mon humble avis ,  un John Wayne parlant français n’est qu’un ersatz de John Wayne , qu’il faut absolument entendre sa voix originelle pour comprendre et aimer le personnage, une chose extraordinaire s’est produite.  Il s’est mit à parler anglais ! Etonnant, non? Sous nos contrées, on peut reprocher bien des choses aux chaines télévisées mais, on doit absolument les remercier aussi pour toutes ces surprises qu’elles savent si bien distiller au hasard des programmes. Plus tard, en remarquant que le personnage de Wayne dans le film porte le nom de Ed Mc Bain , je me tournai vers ma femme pour lui expliquer qui était Mc Bain… Mais, elle n’était plus là. J’ai donc pu me mettre à mon aise, poser mes longues jambes sur la table basse, allumer un cigare  et me prendre pour le Duke , juste pour une heure. Et dans la dernière bobine, croyez-moi, je n’ai pas chômé. J’ai sauvé plusieurs veuves éplorées, un bon nombre d’orphelins et descendu un sacré paquet de peaux-rouge.
Fin du week-end.
Retour à la chienne de vie, la dure réalité.
I’m poor lonsome cow-boy.
Julius Marx

Double vue

Double-vue

Publié : le octobre 31, 2011 par julius2001 dans Uncategorized
« The Tourist  » est un film très agréable , métaphorique  et hollywoodien. Bref, un film  qui mérite  une explication.
Attention, ladys and gentlemen , l’auteur de ce blog va tenter de démontrer en une page comment et pourquoi ce film est hollywoodien, parfois hitchcockien,  et donc, de fait : indispensable. Mais avant d’exposer thèse, antithèse et synthèse il me faut tout d’abord vous parler de l’auteur-réalisateur de ce bijou. Florian Henckel Von Donnersmark  est l’auteur -réalisateur de cet autre bijou qu’est « La vie des autres« . La précision est importante car sans cette information j’avoue que , sans passer  par la case « Départ » ni le » boulevard de Belleville », mon moi surpuissant de sportif -canapé m’aurait dicté d’appuyer frénétiquement sur la touche « 1″ de ma télécommande pour vibrer devant l’indispensable derby  footbalistique du Nord: Lille-Valenciennes. Si vous pensez que je vous  provoque  de manière effrontée et choquante, vous vous introduisez le petit doigt dans le globe auriculaire.Tentez donc de déchiffrer la ligne dramatique de « L’étudiante »  film diffusé ce soir là sur une autre chaîne et méditez.. Mais, ceci est une autre histoire. Voici celle de « The Tourist ».   «  Pour se remettre d’une rupture amoureuse, Frank, simple professeur de mathématiques, décide de faire un peu de tourisme en Europe. Dans le train qui l’emmène de Paris à Venise, une superbe femme, Élise, l’aborde et le séduit. Ce qui commence comme un coup de foudre dans une ville de rêve va vite se transformer en course-poursuite aussi énigmatique que dangereuse… » Vous venez de lire le résumé copié-décollé du site Allociné . D’après ces braves gens, c’est donc au  personnage de Franck (Johnny Deep) que l’auteur aurait  confié  la charge du récit. Ces braves gens se trompent (c’est bien dommage… ma fille va m’en vouloir, c’est une fan) . Voyons un autre résumé d’un autre site cinoche quelque chose.
« À Paris, la police surveille Elise Ward dans l’espoir qu’elle les mènera à son ancien amant, le banquier Alexander Pierce, recherché pour près de 744 millions de livres d’impôts non-payés par Scotland Yard. Ce dernier, qui a volé plusieurs milliards à un gangster nommé Shaw, vient de subir une chirurgie plastique qui l’a complètement transformé. Afin de confondre les autorités, Elise prend un train vers Venise, où elle choisit au hasard un étranger, un professeur de mathématiques américain en vacances, qu’elle fait passer pour Pierce. Les forces de l’ordre ainsi que Shaw se mettent donc à sa recherche afin de retrouver l’argent volé. » Alors,comme ça, c’est bien Elise Ward (Angelina Jolie) qui dirige les opérations. Et bien non, toujours pas !( Dommage, plusieurs copains vont m’en vouloir, ils sont libidineux.)
Cette méprise s’explique parfaitement car nos amis  de ciné-quelque-chose ou d’allo-j’écoute ont probablement raté les premières images du film  ( très occupés  à se préparer un sandwich rillettes  dans leur cuisine ou tout  simplement retenus aux toilettes(1) ). Les premières images  sont des images d’écrans de surveillance. Puis, nous pénétrons (quand j’écris nous, c’est évidemment de la caméra dont je parle) dans une camionnette spécialement aménagée pour la surveillance justement, ça tombe bien. Les deux hommes  occupés à espionner un suspect par écrans interposés reçoivent la visite de leur supérieur . Nous avons immédiatement une information essentielle , celle de leur fonction ainsi qu’une petite idée de leur mission. Ils surveillent une femme: oui, mais pourquoi?  Le POV (c’est lepoint of view ; reportez vous aux articles précédents!) est donc un POV extérieuravec et  au-dessus par la même occasion. L’info importante à ne pas manquer c’est que nous allons suivre le récit avec plusieurs POV : celui des flics qui surveillent (écrans) , celui de la femme surveillée (Elise) et celui de Franck, un autre personnage important dont nous allons croiser assez vite le chemin.
La liaison entre ces différents  POV est évidemment assurée par les écrans de toutes tailles et de toutes formes, omniprésents pendant tout le récit, mais, çà, vous l’aviez déjà deviné , petits lecteurs futés que vous êtes. Mais, attention la séduisante Elise  sort de son immeuble. La filature reprend  (mes copains libidineux sont aux anges.)  La mécanique du scénario fonctionne à merveille. Comme chez Hitchcock  (dans Nort by Northwest  par exemple)  les personnages manipulent autant qu’ils sont manipulés et plongent eux-mêmes (au propre comme au figuré) dans  les problèmes. La filiation avec Sir Alfred  ne se limite  pas à cet implacable enchevêtrement de situations, elle est aussi présente dans ce que l’on peut appeler les intrigues secondaires : histoire d’amour entre les deux protagonistes manipulés-manipulateurs (Nort by Northwest encore),  dans la fonction  prépondérante  des personnages secondaires, et bien entendu de leur double-identité. Ce double-je, mis en scène par écrans interposés est proprement diabolique. Dans un premier temps, nous sommes persuadés que Franck le maladroit ( Deep est un bon  Cary Grant)  est  bel et  bien tombé dans un piège. Sa fuite sur les toits (   To catch a Thief ) après avoir escaladé si maladroitement  le balcon de sa chambre d’hôtel est si vraie, si réussie ! Elise, notre  créature énigmatique et insaisissable  (elle n’est pas blonde, et alors)  se déplace avec la grâce de ses illustres aînées. On l’a compris, personne ne cherche la réalité, personne ne cherche à  construire une scène d’action avec l’aide d’ingénieurs informaticiens. Non, la fiction suffit.
Et puis, la scène finale où nos héros prennent le large, à la voile, n’est -elle pas aussi merveilleusement  fiction que celle d’autres héros, avant eux, sur les pentes du mont Rushmore ?
Convoqué à Hollywood, Florian Henckel Von Donnersmark a écrit et tourné un film hollywoodien. Cet homme est un dangereux rêveur.
So long
Julius Marx
(1) Un bon critique ne doit jamais se rendre aux toilettes pendant le générique d’un film. C’est une question de déontologie

vendredi 11 novembre 2011

J'explique

Regarde... Le blog tout les autres s'appellent Hal est passé chez Blogspot. Pour ceux qui n'ont pas suivi les épisodes précédents, j'explique.
Dans ce blog je parlerai de cinéma, certes, mais de cinéma onirique,métaphorique et symbolique.
Donc, voici l’explication de ce titre. « Tous les autres s’appellent », est une référence au très beau film de Rainer Werner Fassbinder (auteur onirique, métaphorique et hautement symbolique) « Tous les autres s’appellent Ali « .Dans ce film Fassbinder « traite » le sujet du racisme
( en Allemagne,une honnête femme de 6o ans vit une histoire d’amour avec un jeune turc) non pas avec ce ton de prêcheur, si prisé aujourd’hui, mais avec une allégorie.
Venons en maintenant à Hal. Hal 9000 est bien entendu l’ordinateur dernière génération de 2001 Space Odyssey de Kubrick.
Ce charmant petit appareil à l’oeil rouge prend le contrôle du vaisseau Discovery One. La métaphore est donc très simple.
Dans le cinéma d’aujourd’hui, l’ordinateur a pris le contrôle de l’image,des cadrages et de la lumière car celle-ci est re-travaillée en studio avec un autre des copains de Hal.
Dans ce blog, nous ne parlerons donc que de vrai cinéma.
Avis aux amateurs