dimanche 20 octobre 2013

Kosovo blues



Kosovo blues de M.Valls  ravira les grands comme les petits.
Le sujet est prétentieux, puisqu'il raconte l'aventure d'une jeune collégienne étrangère  qui embarque  toute guillerette dans un bus affrété par l'éducation nationale pour une visite guidée du musée de la Pantoufle et de la Charentaise  et se retrouve finalement dans une ferme du Kosovo, pas contente du tout.
Son road-trip va la mener de surprise en surprise et elle finira même par discuter au téléphone avec le président de la république qui lui apportera des précisions supplémentaires indispensables à propos des pantoufles et les charentaises.
 On comprend assez vite que l'ambition des scénaristes et du réalisateur est bien de démontrer qu'une âme simple et rustique avec son franc parlé a bien le pouvoir de faire réfléchir les grands de ce monde.
On pourrait aussi appeler cela de la philosophie de zinc si le zinc existait encore dans les bistrots.
A la fin de la première partie (l'arrivée à Roissy Charles-de-Gaulle) une grande partie du public (environ 75%) soupire de plaisir en voyant l'héroïne grimper les marches de la passerelle de l'Airbus puis, la tension redescend très nettement pour les séquences suivantes (l'installation à la ferme, la traite des vaches, les courses chez l'épicier, les longues conversations en langue Kosovar.)
L'objet, filmé par toutes les chaines du service public et privé, manque cruellement de cohérence visuelle ; on aperçoit trop souvent le micro dans le champ, l'image est floue, les trop  nombreux plans en caméra-épaule, probablement dans un soucis de plus grande vérité, donnent envie d'aller s'allonger au plus vite.
Côté interprétation félicitons le réalisateur pour avoir déniché cette véritable perle pour le premier rôle. La  jeune collégienne s'affirme de scène en scène jusqu'à devenir une vraie professionnelle de l'image.
 Et que dire des seconds rôles ! Le père analphabète qui marmonne en tirant sur les pans de sa veste de velours sombre, la mère avec un nouveau-né sous chaque bras, les frères et les soeurs alignés sur le canapé recouvert de tissus chamarrés... Oui, tout ceci est nouveau, très frais, vivant.
Mauvaise note pourtant pour les nombreux figurants. Même si certains n'ont que quelques répliques, l'auteur n'avait nullement besoin d'aller déterrer ainsi de vieilles gloires de la politique aux avis très (peut-être trop) tranchés. Leurs interventions restent sans surprise et alourdissent considérablement le récit. Certains en font plus que les chargeurs réunis.
On me dit que le jeune Valls travaillerait sur d'autres scripts. Bien, nous attendons.
Seul petit bémol de ce week-end enrichissant, les sagouins ont supprimé de l'antenne sans aucun avertissement l'émission 13 h Foot pour passer et repasser le film de M.Valls en boucle!
Je suis amer. Je boude. J'en veux au monde entier, et particulièrement au Kosovo.
Julius Marx

jeudi 17 octobre 2013

Greed





Les oeuvres d'art sont d'une solitude infinie et rien moins que la critique ne permet d'y accéder.
L'amour est seul à pouvoir les saisir, les garder, et à se montrer juste envers elles.
Donner toujours raison à vous même et à votre sentiment  contre n'importe quelle analyse, dissertation ou autre introduction de ce genre. Si vous aviez tort malgré tout, l'épanouissement naturel de votre vie intérieure vous amènera  lentement, le temps aidant, à d'autres sources de connaissance. Laissez vos jugements suivre leur développement propre, calme et silencieux ; il doit, comme tout progrès, naître des profondeurs intimes et ne peut être ni contenu, ni précipité.
Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète

vendredi 11 octobre 2013

Mélo


Si vous avez lu le texte "Pour ceux de Lampedusa" sur l'autre blog, vous pouvez maintenant visionner un beau film qui se sert de ce sujet.
Grâce aux moyens modernes de communication chacun a la possibilité de piquer quelque part sur Internet, ou même d'acheter le DVD, d'un film sorti en 2005.
Alors, je vous propose  d'aller dénicher au plus vite  Quando sei nato no poi piu nasconderti ( Une fois que tu es né tu ne peux plus te cacher) de Mario Tullio Giordana.
Cuisinez-vous une bonne assiette de pâtes, saupoudrez de parmesan et installez-vous devant votre écran avec votre copine.
Le film est un vrai film puisqu'il est mélodramatique, même si l'intrigue principale est construite à partir du  thème sociétal des réfugiés.  Il nous compte l'histoire d'un jeune garçon plutôt sympathique et passionné de natation qui a la chance de vivre dans une famille équilibrée et à l'abri du besoin.
Non. Mademoiselle, on ne sauce pas son assiette avec du pain !
Où en étais-je?  Ah...Oui, l'intrigue se noue au cours d'un beau voyage à bord du voilier du papa. Le jeune garçon tombe à l'eau ( mais, rappelez-vous, il est champion de natation) et  il survit donc miraculeusement grâce à ses capacités physiques et mentales. Voilà.
Après plusieurs jours, il est sauvé par une barque de réfugiés qui tentent d'aborder les côtes.
 Dans ces conditions extrêmes le  jeune héros va vivre une très belle histoire d'amour mais son éducation sentimentale sera plutôt agitée.
Mais, le plus important c'est que le film ne cherche jamais à être social ou réaliste, il reste mélodramatique  et nous rions sans aucune retenue des critiques qui pensent "qu'il sonne faux".
Nous aimons parce que l'auteur ne coupe jamais dans l'émotion et n'hésite pas à bousculer un peu les idées reçues. Bref, du beau, du tragique, du cinéma.
Qu'est-ce que c'est votre dessert?
Julius Marx



lundi 7 octobre 2013

Lumière



Décidément, ce blog va finir par ne parler que de films vus à la télévision. Eh, bien, voyez-vous je ne peux nier que visionner un film comme Mille milliards de dollars  me fait encore du bien, beaucoup de bien.
Bien sûr, cette histoire d'un jeune journaliste incarcéré  par des tas de vieux en costumes rayés et cravates assorties ( même son ancienne compagne à l'air d'avoir dix ans de plus que lui ) et poursuivi par des méchants capitalistes sans scrupule  peut faire sourire (voir ricaner)  les lecteurs assidus de romans noirs que nous sommes.
Bien sûr, le scénario est un peu bancal et certaines scènes n'ont pas le moindre rapport entre elles, si bien que l'on se demande parfois si elles font bien parties de l'ensemble.?
Bien sûr, d'autres encore sont surréalistes. Que penser de cette scène de conclusion où le couple se retrouve dans le cadre d'une fenêtre ouverte pour admirer une magnifique toile peinte tandis que la cloche de l'église appelle les pénitents?
Bien sûr, la lumière est abstraction et les Zooms avant comme arrière donnent le tournis.
MAIS , il y a Patrick Dewaere .
Cet homme n'avait absolument pas besoin de lumière. Il était la lumière.
Alors, nous sommes encore fascinés par ces quelques face-à-face mémorables. Voyez les confrontations entre le personnage de Jeanne Moreau qui perd peu à peu ses moyens, ou celui joué par Charles Denner qui  baisse les yeux, bredouille et finit par abdiquer.
Aucun personnage n'aura donc le courage ou la force de résister à son sourire.
Comme la plupart des grands interprètes, il donne l'impression de ne pas être présent, de n'être que le spectateur de la confrontation. Pourtant, il reste toujours le maître du jeu, même dans un film comme celui-ci où sa fonction d'archange  redresseur de torts n'est pas vraiment indiscutable.
Et puis, lorsqu'il se décide à parler, à argumenter, ses interlocuteurs (mise à part Moreau et Denner) redeviennent des élèves du conservatoire.
C'est parce qu'il y a beaucoup plus que le seul  travail, il y a le coeur. Un coeur énorme, démesuré. Un palpitant que l'on balance sur la table avant chaque scène, un sacré cadeau pour les grands comme pour les petits.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus?
Laissez-moi, je suis las.
Julius Marx

mercredi 2 octobre 2013

Vive le drame !




Attention , cet article est à propos d'une série télévisée française. Il ne contient ni sang, ni scènes extrêmes pouvant choquer la sensibilité des plus jeunes. Son contenu est une apologie du drame (du latin drama, lui-même  emprunté au grec ancien drâma ) qui signifie action théâtrale.
Entrez!  messieurs-dames, entrez !  1 franc aux avant-scènes si vous êtes fortunés, 4 sous au Paradis si vous êtes pauvres ou momentanément gênés.
Et, c'est bien l'action théâtrale qui apporte à la série Un village français son étonnante qualité.
Etonnante, parce que jusqu'ici les différents scénaristes de série s'appliquaient plutôt à gommer cette action théâtrale pour la remplacer par une pseudo-modernité réaliste.
Mais d'abord, pour les septiques qui refusent catégoriquement toute série hexagonale, laissez-moi vous donner un rapide aperçu du contenu de la série.
Nous sommes dans un village français  pendant l'occupation allemande. Grâce à des intrigues croisées, nous découvrons les différentes histoires et trajectoires des habitants.Inutile de vous rappeler, je pense, qu'au coeur de cette époque  pour le moins "agitée" les prises de position et alliances diverses devenaient immédiatement périlleuses.De fait, ces histoires sont bien passionnelles et
 dramatiques, chez les bons comme chez les méchants.
Voyons maintenant ce qui rend tout ceci crédible au sein de ces multiples fictions.
Tout d'abord, il y a les personnages finement construits  avec leurs contradictions, leurs doutes, leurs erreurs. Il faut signaler qu'il n'y a pas de héros à proprement parler et que nos personnages se chargent de l'intrigue chacun leur tour dans un soucis d'équité louable et assurément  novateur (au moins pour une série.)
Et puis, nos héros parlent juste. Pas de "bons mots" ni de littérature débordante, seulement un texte parfait (dans le tragique comme dans la comédie) ou chacun se révèle, se découvre.
Les comédiens, qui ne sont, à l'évidence, ni d'anciens présentateur météo ou  vedettes du stand-up , s'appliquent à laisser s'exprimer leur personnage sans avoir besoin d'employer les grands moyens.
Côté image, les plans sont assez simples (nous avons tout de même repérés quelques travellings audacieux) les cadres précis, et l'ensemble harmonieusement coloré.
Et puis, surtout, on laisse le temps nécessaire à la scène pour se développer. Il y a même des chutes !
A côté des principales séries où les scènes conflictuelles clipées ressemblent plus à des débats télévisés, c'est assez surprenant, certes.
Ensuite, je n'ai pas eu le courage de regarder le Soir 3. Trop dramatique.

Julius Marx