samedi 12 novembre 2011

Double vue

Double-vue

Publié : le octobre 31, 2011 par julius2001 dans Uncategorized
« The Tourist  » est un film très agréable , métaphorique  et hollywoodien. Bref, un film  qui mérite  une explication.
Attention, ladys and gentlemen , l’auteur de ce blog va tenter de démontrer en une page comment et pourquoi ce film est hollywoodien, parfois hitchcockien,  et donc, de fait : indispensable. Mais avant d’exposer thèse, antithèse et synthèse il me faut tout d’abord vous parler de l’auteur-réalisateur de ce bijou. Florian Henckel Von Donnersmark  est l’auteur -réalisateur de cet autre bijou qu’est « La vie des autres« . La précision est importante car sans cette information j’avoue que , sans passer  par la case « Départ » ni le » boulevard de Belleville », mon moi surpuissant de sportif -canapé m’aurait dicté d’appuyer frénétiquement sur la touche « 1″ de ma télécommande pour vibrer devant l’indispensable derby  footbalistique du Nord: Lille-Valenciennes. Si vous pensez que je vous  provoque  de manière effrontée et choquante, vous vous introduisez le petit doigt dans le globe auriculaire.Tentez donc de déchiffrer la ligne dramatique de « L’étudiante »  film diffusé ce soir là sur une autre chaîne et méditez.. Mais, ceci est une autre histoire. Voici celle de « The Tourist ».   «  Pour se remettre d’une rupture amoureuse, Frank, simple professeur de mathématiques, décide de faire un peu de tourisme en Europe. Dans le train qui l’emmène de Paris à Venise, une superbe femme, Élise, l’aborde et le séduit. Ce qui commence comme un coup de foudre dans une ville de rêve va vite se transformer en course-poursuite aussi énigmatique que dangereuse… » Vous venez de lire le résumé copié-décollé du site Allociné . D’après ces braves gens, c’est donc au  personnage de Franck (Johnny Deep) que l’auteur aurait  confié  la charge du récit. Ces braves gens se trompent (c’est bien dommage… ma fille va m’en vouloir, c’est une fan) . Voyons un autre résumé d’un autre site cinoche quelque chose.
« À Paris, la police surveille Elise Ward dans l’espoir qu’elle les mènera à son ancien amant, le banquier Alexander Pierce, recherché pour près de 744 millions de livres d’impôts non-payés par Scotland Yard. Ce dernier, qui a volé plusieurs milliards à un gangster nommé Shaw, vient de subir une chirurgie plastique qui l’a complètement transformé. Afin de confondre les autorités, Elise prend un train vers Venise, où elle choisit au hasard un étranger, un professeur de mathématiques américain en vacances, qu’elle fait passer pour Pierce. Les forces de l’ordre ainsi que Shaw se mettent donc à sa recherche afin de retrouver l’argent volé. » Alors,comme ça, c’est bien Elise Ward (Angelina Jolie) qui dirige les opérations. Et bien non, toujours pas !( Dommage, plusieurs copains vont m’en vouloir, ils sont libidineux.)
Cette méprise s’explique parfaitement car nos amis  de ciné-quelque-chose ou d’allo-j’écoute ont probablement raté les premières images du film  ( très occupés  à se préparer un sandwich rillettes  dans leur cuisine ou tout  simplement retenus aux toilettes(1) ). Les premières images  sont des images d’écrans de surveillance. Puis, nous pénétrons (quand j’écris nous, c’est évidemment de la caméra dont je parle) dans une camionnette spécialement aménagée pour la surveillance justement, ça tombe bien. Les deux hommes  occupés à espionner un suspect par écrans interposés reçoivent la visite de leur supérieur . Nous avons immédiatement une information essentielle , celle de leur fonction ainsi qu’une petite idée de leur mission. Ils surveillent une femme: oui, mais pourquoi?  Le POV (c’est lepoint of view ; reportez vous aux articles précédents!) est donc un POV extérieuravec et  au-dessus par la même occasion. L’info importante à ne pas manquer c’est que nous allons suivre le récit avec plusieurs POV : celui des flics qui surveillent (écrans) , celui de la femme surveillée (Elise) et celui de Franck, un autre personnage important dont nous allons croiser assez vite le chemin.
La liaison entre ces différents  POV est évidemment assurée par les écrans de toutes tailles et de toutes formes, omniprésents pendant tout le récit, mais, çà, vous l’aviez déjà deviné , petits lecteurs futés que vous êtes. Mais, attention la séduisante Elise  sort de son immeuble. La filature reprend  (mes copains libidineux sont aux anges.)  La mécanique du scénario fonctionne à merveille. Comme chez Hitchcock  (dans Nort by Northwest  par exemple)  les personnages manipulent autant qu’ils sont manipulés et plongent eux-mêmes (au propre comme au figuré) dans  les problèmes. La filiation avec Sir Alfred  ne se limite  pas à cet implacable enchevêtrement de situations, elle est aussi présente dans ce que l’on peut appeler les intrigues secondaires : histoire d’amour entre les deux protagonistes manipulés-manipulateurs (Nort by Northwest encore),  dans la fonction  prépondérante  des personnages secondaires, et bien entendu de leur double-identité. Ce double-je, mis en scène par écrans interposés est proprement diabolique. Dans un premier temps, nous sommes persuadés que Franck le maladroit ( Deep est un bon  Cary Grant)  est  bel et  bien tombé dans un piège. Sa fuite sur les toits (   To catch a Thief ) après avoir escaladé si maladroitement  le balcon de sa chambre d’hôtel est si vraie, si réussie ! Elise, notre  créature énigmatique et insaisissable  (elle n’est pas blonde, et alors)  se déplace avec la grâce de ses illustres aînées. On l’a compris, personne ne cherche la réalité, personne ne cherche à  construire une scène d’action avec l’aide d’ingénieurs informaticiens. Non, la fiction suffit.
Et puis, la scène finale où nos héros prennent le large, à la voile, n’est -elle pas aussi merveilleusement  fiction que celle d’autres héros, avant eux, sur les pentes du mont Rushmore ?
Convoqué à Hollywood, Florian Henckel Von Donnersmark a écrit et tourné un film hollywoodien. Cet homme est un dangereux rêveur.
So long
Julius Marx
(1) Un bon critique ne doit jamais se rendre aux toilettes pendant le générique d’un film. C’est une question de déontologie

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