Tati est l'archétype de l'artiste. C'est un poète et un
créateur qui n'a cessé de jouer avec le
public sans jamais se foutre de lui.
Son Playtime est un avertissement, un
plaidoyer pour un monde qui s'éteint lentement et qui sera remplacé par l'autre
monde, celui des néo-libéraux. Un monde lisse et sans révolte où le poète sera
traité comme un paria. Tati dit simplement à ses spectateurs : surtout ne
perdez pas votre âme et votre particularité pour entrer dans cette société
robotisée. Comme Keaton et Chaplin avant lui, il se sert de la réalité, mais
pour mieux la magnifier. Il ne confond pas progrès et développement,
marchandises et création. Tati ne cherche pas le réel, il l'évite
soigneusement.
Côté réalisation, il invente un mode de récit où la caméra
est toujours placée en retrait de l'action comme pour permettre à ses
spectateurs d'avoir une vision globale de l'ensemble. Grâce à cette place
donnée, le spectateur ne se prive pas de regarder tout ce qui bouge dans l’écran.
De haut en bas et de droite à gauche. Allez hop ! Ca gesticule dans le cadre !
Tati fait du cinéma-muet / sonore. Il met au point une vraie bande son qui devient
un élément indissociable du contenu. Chez lui, pas de nappes musicales
épaisses comme de la crème à tartiner, mais une musique parfaitement adaptée
aux scènes, un son (même s’il est le plus souvent fictif) qui colle à son objet
etc.. Un dialogue d’une mélodie rare, composé de borborygmes et de bruitages vient enfin couronner le
travail.
Croyez-le si vous voulez mais, j'ai vu ce film une bonne quarantaine de fois et pourtant, il m'arrive de découvrir encore un de ces "détails" magnifiques qui me font sourire.
Avec Playtime, Jacques Tati a réinventé le cinéma, juste
pour deux heures, deux heures seulement.
Nous rions donc des imbéciles qui le traitèrent de
rétrograde.
Julius Marx
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