Le film La
ligne rouge de Terrence Malick pose une ribambelle de questions comme :
pourquoi la guerre, pourquoi les hommes ont-ils cet instinct de mort, d’où peut
bien venir ce besoin de s’entretuer alors que notre monde est si pur, si beau ?
Le problème de ce film et de ses questions c’est que nous connaissons déjà à peu près toutes les réponses. De fait,
ce questionnement apparaît vain et d’une naïveté rarement égalée.
Pour
questionner, Monsieur Malik choisit le
pompeux. Ralentis, raccords incertains, musique d’ascenseur omniprésente, gros
plans sur la faune et la flore et : voix off en veux- tu… en voilà ! Alors, pour ne pas sombrer dans un sommeil
réparateur, nous nous concentrons sur les scènes d’action proprement filmées,
les différents plans rapprochés des soldats envoyés sur le front et les
paysages magnifiques. Ici, la nature semble constamment en action, les lieux en
mouvement perpétuel.
Le véritable problème d’un film de genre comme
celui-ci reste : le choix. Un auteur doit se demander comment aborder le
sujet. Parlerons-nous des hommes, des causes, du seul conflit etc…
Dans l’indispensable
Deer Hunter de Cimino, par exemple, l’auteur choisit de s’intéresser aux
hommes. Ces hommes, tous ouvriers dans une ville sidérurgique si laide et malfaisante que l’on en arrive parfois à se
demander s’ils n’ont pas échappés au
pire en partant pour la guerre, sont divisés. Leurs divisions vont évidemment s’accentuer
avec la lourde épreuve qu’ils vont devoir subir avec le faible espoir de rester
en vie. La question est : pourquoi acceptent-ils leur sort ?
On peut
avancer sans grand risque de se tromper que grâce à ce conflit le processus va
s’accélérer et qu’ils vont plonger un peu plus rapidement dans le gouffre qui s’ouvre
devant eux.
Alors, vivre
une vie de labeur où, dans le meilleur
des cas, ils ne vont pas mourir à quarante ans d’alcoolisme ou des différentes
maladies liées à leur boulot sordide, ou bien périr dans une jungle hostile
pour un cartel de financiers qui font passer la destruction de la valeur pour
du développement ? La célèbre scène de la roulette russe dans un tripot de
Saïgon ne résume-t-elle pas parfaitement
leur situation ?
Ces hommes se retrouvent bien à la place du grand cerf qu’ils
vont chasser en groupe avant leur départ. Ils sont tous dans le viseur du
chasseur.
Résumons-nous.
Nous conseillons donc à Monsieur Malick d’arrêter le cinéma et de se diriger
vers la photo. Puis, de se lancer dans la lecture du Voyage au bout de la
nuit. Peut-être, après sa lecture, sera-t-il autorisé à pisser avec
nous, dans la Seine.
Julius Marx
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