Un grand
nombre de personnes (qui ne sont pas des amis mais de simples relations de
voisinage, je dois le préciser. Pardon mais, c’est important pour moi) me
poussait à visionner au plus vite Les Recettes du bonheur
de Lasse Hallström. Les commentaires
allaient de « Tu verras, toi qui aime le cinéma » à « c’est
vraiment sympa ».Bon, j’ai donc
visionné. Autant le dire tout de suite, pour un film se déroulant dans le
milieu de la gastronomie, le terme de navet est particulièrement bien adapté.
Cette chose idiote, inélégante, a encore moins de goût, de saveur, qu’un
hamburger. Voyons tout ceci ensemble. Il le faut bien, je n’ai pas le courage
qu’il faudrait pour détruire le début de cette chronique et partir tout de
suite dans une de ces zones d’inactivité qui me sont chères, et me prélasser,
par exemple, sans aucune gêne, sur la terrasse du Café de la Mairie d’Aix-en-Provence.
Le prétexte
est à lui seul un pot-pourri si syncrétique
qu’il pourrait provoquer, chez certains êtres plus faibles, un sentiment comme la
haine ou le mépris. Mais, optons simplement pour l’ironie. Dans ce blog, je
tiens avant tout à conserver les quelques règles de bienséance enseignées par
ma grand-mère bien avant qu’elle ne soit
violée par un régiment de cosaques. (1) Jugez
plutôt ; ce film nous conte l’histoire palpitante et
mouvementée d’une famille d’hindous
venue ouvrir un restaurant dans un petit village français, juste en face d’un
autre restaurant, étoilé celui-là, dirigé par une maîtresse-femme respectueuse
des éternelles traditions de nos campagnes. Heureusement, la guerre ne durera
que très peu de temps et tout ce joli monde va finir par s’embrasser car,
voyez-vous, amis lecteurs, notre monde est totalement positif et il n’est pas confisqué par de fieffés saligauds mais peuplé de mignons petits lapins, de
gentilles fées clochette et de princes
charmants qui se transforment en cuisses de grenouille (à moins que ce ne soit
l’inverse… Qu’importe !)
Vous l’avez
compris, le contenu proposé par nos amis américains responsables de la chose
est à peu près aussi compact que disons… Donald et Dingo aux jeux Olympiques.
L’histoire ne se déroule pas à la montagne, pourtant, nous avons droit dès l’entrée
des mangeurs de curry dans le petit village french, so typique !, à
une véritable avalanche de clichés tous aussi avariés les uns que les autres.
La patronne du restaurant traditionnel fait ses courses en DS 19 et répond aux
appels empressés de la clientèle avec un magnifique téléphone en bakélite.
Puis, plus tard, en comprenant que l’humanité n’est que joie et bonheur, elle
finit par falling in love, en courant sur un lit de fleurs sauvages
(probablement prêtées par la firme Monsanto) du vieil hindou qui possède un
appendice nasal aussi gros qu’une pomme de terre de consommation courante (bio,
peut-être, je ne peux l’affirmer avec certitude.) Pendant ce temps-là, dans sa
cuisine, les chefs préparent encore des plats à base de béchamel. N’oublions
pas l’autre chef, l’hindou, (le fils de l’homme au nez de patate) qui pêche avec
une paire de moufles pendant que sa copine (la gentille petite cuisinière française)
cueille des ceps. Malheureusement, la scène où elle est kidnappée par les chasseurs
et délivrée par Bambi a été coupée au montage, c’est bien dommage. Côté image,
le chef opérateur (probablement natif du
plat pays) s’amuse à nous balancer des rayons de soleil dans l’objectif. J’espère qu’il sera vite mangé par
l’ogre du Petit Poucet.
Penser que
l’on va probablement clore la saison sur ce film inutile et lamentable me
plonge subitement dans une profonde tristesse. Oui. Je vous embrasse quand
même.
Julius
Marx
Et puis non,
nous ne finirons pas sur une note pessimiste. Je viens de revoir The
Tourist de Florian Henckel von
Donnersmarck. Le film reste toujours aussi savoureux et j’ai encore découvert d’autres
petits trucs Hitchcockiens. Relisez ma critique (année 2011) sur ce blog avant
de le revoir vous aussi ou procédez dans
le sens inverse, vous êtes libres, après tout. Il est grand temps pour moi de
filer maintenant sur la terrasse du Café de la Mairie, histoire d’observer
notre monde qui s’effondre. Si vous passez par- là, commandez une boisson
anisée et faites appeler Monsieur Kaplan.
Je vous
embrasse plus fort.
( (1) Il s’agit là d’une
blague cinéphilique. Que ceux qui en ont
saisi le sens et la paternité l’expliquent aux autres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire