La
définition que l’on donne généralement du néo-réalisme italien (de simples
amateurs remplaçant les acteurs confirmés, des lieux de tournage libres etc..)
est, je pense, pour le moins exagérée, comme bien d’autres définitions.
Le
néo-réalisme visait surtout à intégrer une part de vérité sociale dans
le script. Cette réaction saine, ce besoin d’authenticité, faisant face, bien évidemment à une grande partie des
films de cette époque qui ne sont que bouffonneries ou farces.
Plus tard,
des maîtres (comme Fellini, par exemple) profiteront de ce moment unique
du cinéma pour réaliser des films poétiques à partir de la vie et de sa
banalité magique en mettant en scène des personnages "du peuple" qui deviennent bien plus grands que la
vie comme sa Juliette des esprits. On peut aussi citer Mario Monicelli avec son magnifique Pigeon et sa bande de cambrioleurs pittoresques.
Umberto
D de Vittorio De
Sica, qui passe pour un classique incontournable de cette période clé,
raconte l’histoire touchante d’un vieil homme seul, face à la
mort, qui n’a plus pour unique compagnon
qu’un petit chien. Alors que le monde autour de lui s’écroule, il tente
pourtant de conserver ce souvenir précieux des choses simples comme l’amitié, l’honneur
et la dignité. Ce qui pourrait se traduire à l’image comme un affreux mélo larmoyant
se transforme, justement grâce en partie à cette touche de vérité sociale, en
une magnifique histoire juste et
sensible. Grâce encore à son côté néo-réalisme, le film, beaucoup moins « théâtral
et cinématographique » que, par exemple, les Fraises sauvages
d’Ingmar Bergman sur un sujet sensiblement identique, accompagne
progressivement le vieil homme dans son inévitable chute vers le néant. Dans cette
chute d’un représentant de l’ancien monde, il n’y a plus aucune place
pour le rêve, la poésie ou la nostalgie des temps passés. Les évènements s’enchaînent
de manière implacable jusqu’à la scène du « suicide », enseignée dans les
écoles de cinéma, et à propos de laquelle vous avez probablement tous lu ou
visionné quelque chose un jour.
Il faut bien
se résoudre à l’évidence : nous finirons tous seuls.
Quevedo a écrit
que « la vie commence dans les larmes et le caca », je
ne suis pas loin de penser qu’elle s’achève de la même façon.
Maintenant,
laissez-moi seul.
Julius
Marx
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