samedi 5 mars 2016

Cahiers de Cinéma (3)






Nostalgie (encore !)
Pour les plus anciens d’entre nous, l’émission Cinéma/Cinémas diffusée sur Antenne 2 de 1982 à 1991 du trio Boujut-Ventura-Andreu reste une émission culte, comme disent les jeunes d’aujourd’hui. Je me souviens du magnétoscope et des cassettes vidéo de quatre heures pour réaliser un enregistrement parfait n’omettant ni le début, ni la fin, et surtout pas le fameux générique. A l’époque j’espérai travailler pour la postérité, pour que mes deux progénitures, plus tard, soient en mesure de visionner l’interview de Cassavetes à Hollywood en 1965 ou bien les nombreuses de Welles, d’Hitch et tant d’autres. Tentative généreuse d’une filiation cinéphilique qui s’est bien entendu avérée totalement inutile.  Aujourd’hui, il suffit à ces jolies demoiselles de laisser glisser leurs petits doigts agiles sur les touches de leur ordinateur-friend pour visionner l’ensemble de ce qui dort paisiblement dans des cartons, au fond de ma cave, sous le matériel de camping et le service à fondue de la grand-mère. J'étais totalement fan des séquences de Philippe Garnier, le correspondant hollywoodien, de sa voix, de ses sujets. Je me souviens de cette interview surréaliste de John Ford, assis sur son lit en pyjama et mâchant un infâme morceau de cigare à qui l’on demandait :« Monsieur Ford, comment êtes-vous arrivé à Hollywood ? » et le maître de répondre :« By train ! »  Comment oublier les mots de Welles sur le rythme, la musique des films ? Comment oublier le visage sévère du génial chef-opérateur Stanley Cortez, expliquant son travail sur les 36 jours de tournage (oui, 36 !) de Night of the Hunter, et finissant la conversation en disant simplement : « si vous savez ce que vous faites, il n’y a jamais de problème. » Il y a tant de petites phrases que j’ai bien dû noter quelque part… Je sais qu’un jour, c’est certain, je finirai par me débarrasser du matériel de camping et du service à fondue de la grand-mère.

Folie
Twin Town est un film britannique totalement fou réalisé par Kevin Allen en 1997.L’intrigue se situe dans la province toujours sinistrée (même le Prince en est conscient) du Pays de Galles. L’intrigue débute comme une étude sociale, se transforme rapidement en polar violent et réaliste, fait un petit tour vers la comédie de mœurs et s’achève par une séquence surréaliste. Le rythme et les personnages totalement décalés nous font penser aux Coen bros ou à un Tarantino. Bref, un ovni probablement trop moderne à l’époque qu’il vous faut absolument visionner aujourd’hui.

Lapsus ?
En visionnant quelques extraits choisis de la cérémonie des Césars, je relève une blague de la présentatrice de la soirée. La demoiselle ironise sur le travail des acteurs français qui, pour obtenir la précieuse récompense doivent, selon elle, fournir beaucoup moins de travail qu’un Di Caprio, par exemple. Inutile pour eux de dormir dans un cheval mort, de marcher des kilomètres dans la neige ou de lutter au corps à corps avec un animal sauvage. Non, rien de tout cela, il leur suffit simplement de se laisser pousser la moustache et de jouer dans un drame social. Ecrit pour faire rire, son texte relève pourtant de manière fort simple et intelligente la grande différence qui existe aujourd’hui entre le cinéma (spectacle) et le cinéma (réaliste), entre le drame-fiction et la  fameuse recherche du réel.  
Pourquoi ne pas imaginer une émission consacrée au cinéma avec pour titre cinéma (au singulier) et cinémas (au pluriel) ?
L’habileté de ce retour à la case départ me laisse sans voix.
Allez en paix.

Julius Marx

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire