Nostalgie
(encore !)
Pour les
plus anciens d’entre nous, l’émission Cinéma/Cinémas diffusée sur Antenne 2
de 1982 à 1991 du trio Boujut-Ventura-Andreu reste une émission culte, comme
disent les jeunes d’aujourd’hui. Je me souviens du magnétoscope et des cassettes
vidéo de quatre heures pour réaliser un enregistrement parfait n’omettant ni le
début, ni la fin, et surtout pas le fameux générique. A l’époque j’espérai
travailler pour la postérité, pour que mes deux progénitures, plus tard, soient
en mesure de visionner l’interview de Cassavetes à Hollywood en 1965 ou bien
les nombreuses de Welles, d’Hitch et tant d’autres. Tentative généreuse d’une
filiation cinéphilique qui s’est bien entendu avérée totalement inutile. Aujourd’hui, il suffit à ces jolies demoiselles
de laisser glisser leurs petits doigts agiles sur les touches de leur ordinateur-friend pour visionner l’ensemble
de ce qui dort paisiblement dans des cartons, au fond de ma cave, sous le
matériel de camping et le service à fondue de la grand-mère. J'étais totalement fan des séquences de Philippe Garnier, le correspondant hollywoodien, de sa voix, de ses sujets. Je me souviens de
cette interview surréaliste de John Ford, assis sur son lit en pyjama et
mâchant un infâme morceau de cigare à qui l’on demandait :« Monsieur
Ford, comment êtes-vous arrivé à Hollywood ? » et le maître de répondre :«
By train ! » Comment oublier
les mots de Welles sur le rythme, la musique des films ? Comment oublier
le visage sévère du génial chef-opérateur Stanley Cortez, expliquant son
travail sur les 36 jours de tournage (oui, 36 !) de Night of the Hunter, et
finissant la conversation en disant simplement : « si vous savez ce
que vous faites, il n’y a jamais de problème. » Il y a tant de petites
phrases que j’ai bien dû noter quelque part… Je sais qu’un jour, c’est certain,
je finirai par me débarrasser du matériel de camping et du service à fondue de
la grand-mère.
Folie
Twin Town est un film britannique totalement
fou réalisé par Kevin Allen en 1997.L’intrigue se situe dans la province
toujours sinistrée (même le Prince en est conscient) du Pays de Galles. L’intrigue
débute comme une étude sociale, se transforme rapidement en polar violent et
réaliste, fait un petit tour vers la comédie de mœurs et s’achève par une
séquence surréaliste. Le rythme et les personnages totalement décalés nous font
penser aux Coen bros ou à un Tarantino. Bref, un ovni probablement trop moderne
à l’époque qu’il vous faut absolument visionner aujourd’hui.
Lapsus ?
En
visionnant quelques extraits choisis de la cérémonie des Césars, je relève une
blague de la présentatrice de la soirée. La demoiselle ironise sur le travail
des acteurs français qui, pour obtenir la précieuse récompense doivent, selon
elle, fournir beaucoup moins de travail qu’un Di Caprio, par exemple. Inutile
pour eux de dormir dans un cheval mort, de marcher des kilomètres dans la neige
ou de lutter au corps à corps avec un animal sauvage. Non, rien de tout cela,
il leur suffit simplement de se laisser pousser la moustache et de jouer dans
un drame social. Ecrit pour faire rire, son texte relève pourtant de manière
fort simple et intelligente la grande différence qui existe aujourd’hui entre
le cinéma (spectacle) et le cinéma (réaliste), entre le drame-fiction et la fameuse recherche du réel.
Pourquoi ne
pas imaginer une émission consacrée au cinéma avec pour titre cinéma (au
singulier) et cinémas (au pluriel) ?
L’habileté
de ce retour à la case départ me laisse sans voix.
Allez en
paix.
Julius Marx
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