Le cadre est
celui d’une fenêtre. Nous nous approchons pour découvrir une blonde à la jolie
frimousse qui achève sa toilette. Après un ultime petit clin d’œil à son
miroir, la belle tourne la tête. Elle reste subitement tétanisée puis, elle s’enfuit
en poussant un cri. Aux deux officiers de police qui frappent à sa porte
quelques minutes plus tard, elle explique qu’elle vient d’apercevoir un rôdeur.
Elle est manifestement encore sous le choc. Le sourire paternel du plus âgé des
deux flics la rassure un peu. Pendant ce temps-là, le second policier fait le
tour de la maison comme s’il était de la famille. Il se permet même de déplacer
quelques objets et d’attraper un cadre pour admirer en connaisseur un cliché de
la belle dame.
Voilà, chers
amis, comment Joseph Losey installe avec une redoutable efficacité l’intrigue
de son film The Prowler (Le Rôdeur)
1951.
Ce flic
singulier va bien évidemment revenir seul un peu plus tard. Nous avons déjà
compris les grandes lignes de son projet diabolique. Dans la scène de
confrontation qui suit, il est étonnant de voir de quelle façon notre homme se
débrouille toujours pour apparaître dans le cadre au- dessus de sa future victime,
en position de dominant. Si la belle (seule toute les nuits dans une grande
maison froide, pendant que son mari officie dans une radio locale) ne cède pas
immédiatement à ses avances, on devine qu’elle finira bien par succomber. Ensuite, Losey organise le meurtre puis, il abandonne
manifestement ses personnages au Diable qui va s’occuper de tout. Il est
effarant de voir à quelle vitesse stupéfiante les humains vont se décomposer
entre les mains du Malin.
La fin du
voyage est une ville fantôme plantée dans un désert aride. L’homme ressemble à
un vagabond et la femme, sur le point d’accoucher, ne quitte plus son lit. Ses
gémissements se mêlent à ceux du vent.
C’est
magnifique, c’est noir, et nous attendons le châtiment.
Rendons grâce
aux anonymes qui enregistrent et partagent ce genre de chefs-d’œuvre sur notre
bien-aimé Youtoube. Je les embrasse tous, plus particulièrement les blondes à
jolie frimousse.
Julius Marx
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