Il semble
bien que la série Un village français soit un succès, tant mieux.
Pour les amateurs (ou bien ceux qui ont un peu de temps, mais les amateurs se
doivent d’avoir toujours un peu de temps en réserve) il serait judicieux d’aller
un peu fouiner dans les archives télévisuelles afin d’y dénicher une série avec
des acteurs aussi justes et sobres, un
filmage aussi soigné et une écriture si maîtrisée, oui, judicieux, sûrement.
Côté
technique, ce qui frappe, c’est le grand soin accordé aux détails. Cet ensemble
de « petits riens » qui révèle un tout, une diégèse. Ainsi, par
exemple, voyez comme les membres du groupe des résistants qui passent la
majeure partie de leur existence dans les forêts, sont vêtus. Ils portent bien
le costume adéquat mais, ils ne sont pas impeccables, comme le
sont trop souvent les personnages d’opérette dans d’autres séries. Et, il en va
de même pour les coiffures, ceux de l’autre camp (qui ont forcément le temps de
se raser et de se peigner avec la mèche sur le côté comme l’oncle Adolphe) sont en totale opposition avec ceux qu’ils combattent.
Si vous pensez que ces deux exemples parmi tant d’autres ne sont que des
détails, vous voyez juste. Le cinéma Est détail.
Si l’on a le
temps nécessaire pour s’intéresser également à l’intrigue et au contenu (le
spectateur avisé doit toujours garder un peu de temps pour s’intéresser à l’intrigue
et au contenu sous peine de finir par s’abonner à une revue spécialisée) nous constatons que les deux sont vraiment passionnants à
analyser. L’intrigue, tout d’abord, est divisée en un nombre étonnant de
plusieurs histoires que nous suivons de manière parallèle ( grâce, entre autre,
à un montage élégant). De personnage principal il n’y a point et nous ne le
regrettons jamais, car ces destins croisés parviennent facilement à nous le
faire oublier.
L’autre
aspect novateur de la série c’est bien d’avoir confié les clefs de la maison
à des femmes. Elles sont toutes fortes et puissantes (dans le sens
scénaristique du terme) symbolisant même
à elles-seules les différentes opinions si contrastées de cette époque
mouvementée. Alors que la plupart des personnages se demandent encore ce qui
leur arrive « et reçoivent seulement des coups sur la tête, comme d’une
main invisible » (Hegel) elles agissent pour un amour, un idéal, ou
peut-être bien les deux. De là à
prétendre qu’elles sont, dans leurs différences, la France, il n’y a qu’un pas. Affirmons encore
que nul n’est plus qualifié que les femmes de ce monde-ci pour connaître mieux
que d’autres le point de vue des victimes.
Je suis enchanté. J’espère que vous l’êtes aussi.
Julius
Marx
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