Veuillez, je
vous prie, me pardonner ce long silence dont la responsable n’est pas la grève
d’une certaine catégorie de personnel mais une seule femme décidée. La belle
obstinée s’étant juré de me faire découvrir les fonds marins, moi qui éprouve
déjà tant d’amères difficultés à comprendre ou appréhender les êtres vivant en
surface. Et, comme si cet exercice d’immersion totale n’était pas suffisamment avilissant il faut, en plus, respirer avec un truc en
silicone dans la bouche !
Bref, cet
article ne causera donc point de petits poissons multicolores mais, encore une
fois, de passion et d’émotion ; puisque je règne en despote sur ce
blog inventif, ludique et spectaculaire,
refusant catégoriquement la démocratie ou le simple dialogue avec le peuple.
Dans les
années trente, Paul Valery écrivait dans ses fameux cahiers : « La
passion et l’émotion me répugne : Pourquoi surélever le moment du désordre
et de la simplification. Toutes les bêtises de l’homme en crise ? »
Cette phrase contient à elle seule une sorte de contre-indication de la
création cinématographique. Le travail d’un auteur ne doit pas se borner à
filmer platement la triste réalité (car la misère de l’existence est plus que
jamais visible, on s’ennuie ferme, même dans la suite présidentielle d’un luxueux palace de la côte d’Azur) mais
il doit être capable de faire surgir l’extraordinaire, l’anormal et l’excessif
chez l’homo-sapiens-vulgaris.
Que
m’importe un sujet sur le monde du travail si les ouvriers de l’usine ne
séquestrent pas leur patron ou ne tentent pas l’expérience de l’autogestion.
Pourquoi s’acharner à suivre un
fonctionnaire de police dans ses rondes nocturnes s’il ne finit pas par
commettre une bavure ou bien, alors, s’il ne tombe pas fou amoureux d’une
ancienne princesse iranienne devenue travailleuse au bois. Un cinéaste filme le
dérèglement. Voyez par exemple Cassavetes qui n’a cessé de filmer
« toutes les bêtises de l’homme en crise. » Revoyez également de
quelle façon Ethan Edwards résout ses problèmes personnels. Et puis, zut,
profitez-en pour revoir tous les grands
films. En résumé, l’auteur ne filme pas la crise mais ses causes, ou bien encore ses propres crises.
Dans ce
blog, nous nous amusons beaucoup. Pendant ce temps, d’autres montent et descendent
des escaliers habillés d’un costume de location ou permanentés par le numéro un mondial des
cosmétiques.
Bien
entendu, si vous n’êtes pas d’accord avec les idées contenues dans ce texte
vous pouvez m’écrire. Je détruirai immédiatement vos lettres avant de les lire.
Et puis, je ne suis toujours pas en mesure d’entendre vos réprimandes, j’ai
encore de l’eau dans les oreilles.
Julius Marx
PS : J’ai
passé une journée entière dans le désert jordanien, celui du décor de Lawrence
d’Arabie. Depuis la boutique de
souvenirs, au sommet d’une colline, nous avions une vision quasi parfaite sur les sacs de plastique qui
voletaient dans l’air et sur les 4X4 des bédouins, rangés près des tentes.Le cinéma,
amis lecteurs, est une boutique de souvenirs.
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