Pour l’amateur
de choses filmées, il est essentiel de
visionner le plus souvent possible ces films que l’on nomme communément avec
indulgence « navets » ou « nanars ». Ainsi, l’amateur pourra
comprendre en détaillant avec attention ces productions qui, selon l’expression
consacrée, n’appartiennent pas à la postérité, ce qui sépare un réalisateur d’un
modeste artisan. En choisissant par exemple dans la ribambelle de films noirs
des années cinquante disponibles sur Youtoube, il constatera que le personnage
principal n’a jamais de réelle motivation, je veux dire de motivation profonde
qui le pousse à agir. Il en déduira facilement que c’est en partie pour cette
raison que, ne pouvant s’identifier à la quête du personnage, il l’abandonnera
sans aucun remord. Même s’il n’est pas un spécialiste
de la technique cinématographique, il s’amusera également des choix surprenants
des différents responsables de l’image et du cadre. Enfin, il se permettra un
sourire (pouvant même se transformer quelquefois en franche rigolade) en
découvrant de magnifiques erreurs de casting. S’il est vrai que toutes ces
petites choses sont encore bien présentes dans le cinéma d’aujourd’hui, elles
sont en partie habilement camouflées
grâce au travail des ordinateurs-friends
et aux différentes cagnottes généreusement versées par l’industrie culturelle.
Enfin, après ce nécessaire et salutaire moment de distraction, il pourra répondre
à son épouse qui lui demandera « pourquoi
tu regardes ce truc ? » qu’il n’existe pas de film sans contenu.
***
Roman Polanski doit être un des derniers
grands réalisateurs vivants. Cette simple constatation devrait nous pousser à
regarder au plus vite l’ensemble de ses films et ses dernières productions,
histoire de se souvenir des belles choses. La Vénus à la fourrure, débute par
un plan subjectif d’une rue parisienne
bordée d’arbres puis nous entrons dans un théâtre pour ne plus en ressortir.
Inutile de raconter l’intrigue du film puisque vous allez le visionner aussitôt
ces quelques lignes achevées. Sachez seulement que la première partie nous
offre une merveilleuse réflexion sur le théâtre et le métier de comédien.
Ensuite, c’est encore plus beau, plus fort, plus essentiel. Enfin, nous
ressortons comme nous sommes entrés mais avec tant de choses en tête qu’on ne
peut se résoudre à quitter son écran des yeux, regardant défiler le générique
comme un benêt.
***
« L’artiste
traduit non mot par mot, mais effet
produit par effet à produire. La plus belle et forte situation intérieure n’a
nul rapport nécessaire avec le langage. L’art commence par le sacrifice de la
fidélité à l’efficacité. »
Cette phrase
de Paul Valéry écrite en 1910 dans ses « Cahiers » vient clore la petite conversation que nous avons eue
dans le précédent post à propos des structures.
Je vous
quitte pour me régaler d’un Maigret des années soixante avec Gino Cervi dans le
rôle de l’homme à la pipe ! A tout à l’heure.
Julius Marx
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