Jamais de la vie de Pierre Jolivet est un film
réjouissant qui fait énormément de bien aux amateurs de la forme polar que nous sommes. Réjouissons-nous donc.
Dans un
premier temps, accordons-nous le grand plaisir de détailler la forme avant d’en
venir au fond. Le premier plan nous fait découvrir l’arène (un supermarché et
son immense parking) où va se dérouler le drame (introduction et résolution).
Le chef opérateur parvient à magnifier ces lieux, à les rendre possibles. On
ne peut affirmer qu’il possède la
maîtrise de l’outil ( mais qui la possède vraiment ?) L’ image proposée n’est nullement accessoire, elle fait vraiment partie d’un tout. Ici, pas
de chichis modernistes, de tremblements superflus, de point de vue
d’hélicoptère. Puis, arrive en quelque sorte le maître des lieux, notre personnage
principal.
Ce
personnage, un employé syndicaliste viré pour avoir voulu changer les choses, jette un œil sur son
domaine. L’homme s'est mis sur la touche et
n ‘a, semble-t-il, plus l’envie ni la force de revenir sur le terrain.
Il s’est enfermé dans ce monde (le supermarché la nuit et son appartement d’une cité voisine le jour. Notons au passage que la décoration de son appartement est sublime, sans trop de misérabilisme choc).
Au matin, après sa nuit dans son supermarché, il rejoint sa place de parking, toujours la même, il la rejoindra pour y pousser son dernier soupir.
Bien
entendu, l’homme est amer et sans aucune illusion. Ici, l’alcool et les drogues
ne sont pas employés comme une des
composantes d’un ensemble de recettes ; images sombres, pavés mouillés
etc… Il boit parce qu’il sait qu’il ne changera pas le monde. Alors, que
reste-t-il ? L’amour. Oui, nous verrons cela plus tard. On pense à un
personnage d’une puissance passionnelle comme ceux de Cain ou Goodis, bien entendu, mais aussi au
Gabin du Quai des Brumes, ce déserteur échoué « au bout du monde » et
victime de la justice implacable des hommes et peut-être aussi au Frank Poupard
de Série
Noire bref, que du beau, du Noir.
C’est la
rencontre avec Mylène, une assistante sociale qui ne se fait pas plus d’illusion
que lui sur l’avenir, qui va le pousser à revenir dans le monde des vivants. Avant
le grand plongeon, il fera une brève
incursion dans le monde d’en haut et
il en reviendra encore plus désabusé.
Pour le
reste, l’intrigue et autres petites choses bien savoureuses, visionnez vous-mêmes
et réjouissez-vous, donc, pour la forme.
Julius Marx
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