Allez, comme
çà, juste par dépit, une petite revue de films prétendus noirs et sensés nous
faire frissonner.
On commence
par les ricains avec Pawn. Les recettes sont
connues : un chef opérateur manifestement pressé d’en finir, un montage
épileptique, quelques mesures de rap, des acteurs qui ronronnent. Ensuite, on
délie méthodiquement le fil de l’intrigue au rythme syndical. Chacun est payé
au rebondissement et tant pis pour les clichés négatifs ou positifs ; pas
le temps de traîner, de rêvasser. Si les chiffres sont bons, toute l’équipe
sera convoquée pour l’épisode numéro deux, excepté peut-être un ou deux acteurs
engagés dans le tournage d’une série télévisée (faut bien vivre ! Hé ho,
are you silly or what ?) Nous
ne nous attarderons donc pas sur cette petite distraction, pour l’amateur au
moins. Remarquons tout de même que Forest Whitaker à encore pris du poids et
que Ray Liotta tente, avec succès, d’en faire le moins possible.
Voyons
maintenant ce que fabriquent nos amis français de la vieille Europe ; ces
petits êtres sensibles encore bêtement préoccupés par la chose artistique. Vous
le savez, toutes les entreprises qui tentent de rendre compte de la réalité ne
nous intéressent point. Dans son film Gansters, le réalisateur veut nous
entretenir (via une intrigue simpliste où il est question de trahison et de diams) du
quotidien des fonctionnaires de la police. La réalité des flics de la maison
poulaga est salement inintéressante, et leurs vies désespérantes de mièvrerie. Résultat :
l’ensemble est donc simplement affligeant. Ici encore on peut noter le cruel manque de
scénariste. Nous ne savons rien, ou presque, des différents personnages et
surtout, ce qui pousse ces jeunes gens à supprimer leur prochain. De plus, les
rebondissements dégringolent du ciel comme une perruque sur un bol de soupe
instantanée.
Pour Miserere
(La marque des Anges) l’auteur adopte l’autre méthode ; celle de « l’ambiance
glauque et images sombres ». A partir d’une situation initiale
totalement inimaginable et pour le moins farfelue, deux flics (un jeune et un
vieux) se lancent aux trousses d’une bande de gamins tueurs. L’ensemble est
tellement grotesque que les acteurs eux-mêmes, semblent se demander s’ils ne
sont pas en train de tourner dans une parodie du genre. Pendant ce temps-là, le
réalisateur (pardonnez-moi, l’auteur) tente de nous faire croire qu’il sait ce
qu’il fait en balançant de la pluie, la nuit,
sur des pavés mouillés, ah, le malheureux ! Bref, un tel déballage de poncifs qu’on
se croirait aux Galeries
Lafayette !
Imaginez mon
état physique et moral après ces 48 heures passées à visionner de tels
chefs-d’œuvre. Quelques jours plus tard extrêmement las, au bord du gouffre et
à deux doigts de regarder un vieux match de foot, je décidai de me replonger dans les années
80 avec Les mois d’avril sont meurtriers tiré
du formidable roman de Robin Cook. Si les auteurs du script (Philippe Boucher, Laurent
Heynemann et Bertrand Tavernier ) ont eu la sagesse de
conserver plusieurs lignes du texte d’origine on peut constater que le
réalisateur lui (je ne sais si on l’appelait déjà auteur) a recherché le rythme,
le bon tempo. Malheureusement pour nous, il ne l’a pas trouvé et l’ensemble
pédale largement dans la graine à couscous avec, en plus, ces quelques notes d’une
mélodie omniprésente qui finissent par méchamment nous irriter. L’homme s’est
manifestement concentré sur les lieux du drame et sur les décors. Si les locaux
des flics et des voyous sont totalement dépouillés, ceux des pauvres croulent
sous les bibelots etc… Le but étant de créer, je pense, ce fameux univers noir.
Heureusement Jean-Pierre Marielle, à lui seul, sublime la réalité et parvient à hisser le tout, sur ses larges épaules, jusqu'à la case Noir. Du coup, je
me suis régalé en relisant le bouquin de Cook.
De là à
affirmer que le cinéma « noir » est devenu un cinéma de distraction
fabriqué par des distraits, allez savoir…
Julius Marx
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